The king is alive

«Et si d'autres aussi étaient vivants?»
Benoît sortait souvent avec ces phrases, ces questions, ces doutes existentiels impossibles à résoudre même pour un philosophe employé à 100%.
«Non, je veux dire... Si John est bien vivant, peut-être que d'autres musiciens le sont.»
Il réfléchit. Il regarda pendant quelques instant dans le vide.
«Dès que tu devines Histoire, tu deviens aussi immortel. Tu ne crois pas? Hein? Dis-moi si je me trompe!»
Il parlait à Carmelo. Et ce dernier n'était pas trop intéressé à ses discours.
«Sauerkraut, Freddie Mercury est-il vivant? Et Kurt Cobain? Elvis? Jim Morrison?»
Sauerkraut plongea dans son bassin et cacha la tête sous l'eau pour ne plus écouter les délires de son hôte provisoire-définitif.
«Il faut que j'organise une table tournante pour vérifier!»

Le soir d'après, c'était un samedi, chez Benoît il y avait plusieurs personnes, curieuses de savoir si tel ou tel autre nom de l'Histoire de la musique était un fantôme ou bien s'il était encore parmi les vivants, quelque part dans le monde.
Lucie avait été la première à arriver. Elle avait emmené des biscuits maison aussi, et quand elle était entré dans la maison, Carmelo s'était soudain réveillé.
Il y avait ensuite Markus. Puis Hans et sa femme. Et Hilke aussi. Depuis qu'elle était arrivée, Sauerkraut avait essayé plusieurs fois de sortir de son bassin.


Ils se mirent autour de la table ronde dans le salon. Ils allumèrent des bougies.
«Il faut d'abord contrôler que ça marche.» il avait dit d'un ton solennel Benoît. «On essaye d'appeler l'esprit de John Lennon et s'il répond, c'est que ça ne marche pas. Fermez les yeux.»
Silence. Tout le monde avait pensé à John. Un murmure: «1, 2, 3...» et puis tout le monde avait scanda: «Esprit, es-tu là? Si oui frappe un coup!»
Rien. Absolument rien. Silence. Attente. Personne n'osait dire un mot ou juste ouvrir les yeux.
«Hé, ça marche!», cria tout à coup Lucie. Et tout le monde avait souris.
«Ok, on essaye avec qui, maintenant? Freddie Mercury?»

Carmelo était en bas de la table. Mais il regardait tout en haut. En fait non, il ne regardait pas. Il était en train de flairer l'air, en suivant le parfum des biscuits. Les autres continuaient la table tournante.
«1, 2, 3... Esprit, es-tu là? Si oui frappe un coup!»
Sauerkraut sortit bruyamment de son bassin.
«Ach, schade. Er ist wirklich tot.» s'en était sortie Hilke. «Hi Freddie! How are you?»
«Ich bin nicht Freddie. Ich bin Sauerkraut und du hast mich verlassen! Du wirst auch schnell tot sein!» et elle marcha lentement mais d'un pas décis vers Hilke, avec la ferme idée de la tuer.

«Vielleicht Kurt Cobain?», avait alors proposé Markus. Hans hocha la tête, mais personne ne le vit. Tout le monde restait les yeux fermés. Comme personne ne dit rien, Markus interpréta ça comme un oui.
«1, 2, 3... Esprit, es-tu là? Si oui frappe un coup!». Carmelo sauta sur la table, attrapa deux biscuits et s'en alla dans la cuisine pour les tremper dans son bol remplit de lait.
«Pas de réunion pour les Nirvana...», se désola Lucie.

«Jim Morrison. Je suis sûre qu'il est vivant!» dit alors Hilke.
Sauerkraut était maintenant sous la table.
«1, 2, 3... Esprit, es-tu là? Si oui frappe un coup!»
Sauerkraut était juste à côté du pied de Hilke. La petite tortue ouvra la bouche et siffla: «Stirb!»
«Ah!» hurla Hilke.
«Quoi? Qu'est-il arrivé?» demanda Benoît inquiet, indécis si ouvrir les yeux ou pas.
«Il... il... il a mordu mon pied!»
«Qui ça?»
«Jim Morrison! The Lizard King!»
«Ich bin eine Schildkröte. Kein Eidechsenweibchen. Hast du das etwa vergessen?»
«Peut-être ce serait mieux d'arrêter là?»
Ils attendaient une réponse de la part de Jim. Ils attendirent longtemps avant de se décider.

«On essaye une dernière fois. Elvis, ça vous dit?»
«1, 2, 3... Esprit, es-tu là? Si oui frappe un coup!»
Pas de réponse. Ils attendirent. Encore pas de réponse.
«The king is alive...»