Simultan

Benoît détective

Aus Simultan

Benoît, comme tout le monde d'ailleurs, n'avait pas du tout compris ce qui c'était passé. Combien de temps? Dix secondes, quelques minutes, des heures? John sur scène et puis, tout à coup, plus de John, plus de scène. Que de la panique et de la confusion.
«Donc, essayons de remettre de l'ordre dans tout ça: John Lennon monte sur scène; le public l'acclame, hurle, applaudisse; John chante la première chanson – c'était quoi déjà? Non, attends, c'était pas ça. On n'entendait pas John chanter. On entendait juste les hurlements du public et, loin, la batterie. Pas de sono, comment était-il possible? Non, t'es confus, mon cher Benoît. John a bien chanté. Ou pas?»
Benoît ferma les yeux. Il attendit quelques longs instants. Ils les rouvrit.
«John est monté sur scène. Je l'ai vu de mes yeux. Il était là, devant nous tous. Il a chanté un morceau, je ne me rappelle plus lequel, mais il l'a chanté. Il a remercié Bienne pour l'avoir accueilli si chaleureusement. Il avait même dit très très chaleureusement, je me rappelle. Il avait joué la première note du deuxième morceau avec sa guitare et...»
Benoît fut alors à nouveau frappé par une bouteille de bière, une Cardinal cette fois-ci. Il se massa la tête. Il se regarda autour. «Mais c'est qui qui a organisé ce putain de concert? Il n'y avait pas de verres en plastique? Des putain de verres en plastique?». Il se massa encore la tête.
«Donc... comment est-il possible? Comment est-il possible que John Lennon ait été tué une deuxième fois? Même pas le temps de jouer une deuxième chanson et bang! une balle dans le crâne. Ou bien dans la poitrine? Bah, peu importe. Et puis ces policiers, la scène qui s'effondre sous leur poids. Mais ils mangent quoi ces policiers, hein?»
Il fallait trouver le coupable. La police apparemment avait bloqué toute sortie. Ils étaient tous enfermés dans la Zentralplatz. L'assassin pouvait encore être parmi eux, armé.
«Bon il faut qu'il soit vraiment con pour ne pas se débarrasser d'une arme si on est enfermé!»
Benoît était vraiment décidé. Il allait trouver le coupable coûte que coûte. Mais à la manière de Sherlock Holmes, en réfléchissant.
«Le coup venait d'en bas, j'en suis sûr. Ce n'était pas un franc-tireur, c'était en bas de la scène, très près de John.»
«Un fan. Un fan complètement fou. Ou bien avec une bonne motivation pour le tuer.»
«Yoko Ono? Elle est peut-être finalement arrivée à Bienne, elle a trouvé Keiko avec John et elle a pensé qu'elle avait fait l'amour avec lui. Yoko ne sait pas qu'elle est ma copine à moi. Je ne lui ai pas dit. J'aurais pu lui dire. J'aurais dû lui dire! J'aurais pu sauver John!!!»
Au final, bien que ce n'était pas lui le coupable, c'était sa faute. Yoko Ono n'aurait jamais tué John si elle avait su que Keiko était là juste pour convaincre John à jouer, en se faisant passer par elle, mais que c'était sa copine à lui. John ne la trompait pas. Non, John ne l'aurait jamais fait. Et Keiko non plus, d'ailleurs!