Simultan

Stoppen im Nirgendwo - un arrêt imprévu

Aus Simultan

Version vom 23. Dezember 2011, 10:26 Uhr von Julias (Diskussion | Beiträge)

In der Zug


Früher habe ich immer gebettelt, mitfahren zu dürfen, und manchmal nahm er mich mit, ich schlief dann in der Führerkabine, im Wissen, dass mein Vater die ganze Nacht über mich wachte. Ich weiss nicht, wann ich das letzte Mal mitgefahren bin, ich glaube, wir haben beide keine Lust mehr, miteinander die ganze Nacht in der Führerkabine zu verbringen, doch: Vater kam heute früh zu mir, wir sassen beim Frühstück, ich habe Tee gekocht, und er kommt und setzt sich so vor mich hin, merkwürdig ernsthaft, und spricht. Er spricht selten zu mir, er sagte nur: "Morgen! Morgen kommst du mit", und ich nickte und er war fort.

Wir fahren in der Nacht, Kiew, Adieu. Ich schaue mich neugierig im Zug um, in meiner Kabine; ich sehe das winzige Lavabo, wir stehen und rauchen.

An einem Provinzbahnhof hält der Zug. Ich öffne das Fenster, zünde mir eine Zigarette an. Es ist Dunkel, ich erkenne kein Schild. Ein sehr kleiner Bahnhof muss das sein. Die neuen, schnellen, ach so modernen Züge - und dann halten sie in einem solchen Loch, wo der Bahnsteig unbeleuchtet ist, wo - mitten in der Nacht schon gar nicht - keiner zu- und aussteigt? Ich rauche zu Ende, drücke die Zigarette aus, stolpere zum Führerhaus, die Tür steht offen, Vater schaut angestrengt auf seinen Monitor.

- Vater, warum hältst du hier? Da steigt keiner zu.

Vater dreht sich nicht nach mir um, seine Antwort ist unwirsch, er spricht wie zu einem Kind, er spricht zu mir immer wie zu einem Kind, er weiss nicht, dass ich seit drei Monaten volljährig bin.

- Warum schläfst du nicht? Es geht dich nichts an. Du solltest keine Fragen stellen. Ich bin der Zugführer.

Ich schweige, bleibe aber im Türrahmen stehen. Wir fahren weiter. Vater schaut in die Nacht, ich setze mich auf die kleine Pritsche hinter seinem Sessel, ich nicke ein, erwache erst, als wir erneut anhalten: Wir passieren die Grenze. Draussen sprechen die Beamten miteinander, ich höre die Stimme meines Vaters im Gang, ich weiss, jetzt durchsuchen die Beamten den Zug, es ist die Grenze.

Es dauert nicht lange, und wir fahren weiter. Vater kommt zurück, er sieht ein wenig angespannt aus, bleich, er ist ein alter Mann geworden.

- Gibt es denn keine Zollkontrollen?

- Manchmal. Heute ist dein Glückstag. Hast du Feuer?

- Aber keine Zigaretten.

Wir fahren. Die Sonne geht auf. Das Morgenlicht wirft lange Schatten auf Vaters Gesicht. Er sieht müde aus. Die ständigen Wechsel, tags fahren, nachts fahren, vielleicht geht er bald in Pension. Ich will kein Lokführer sein. 

Der Zug hält, ich liege auf der Pritsche, im Halbschlaf.

- Sind wir da? Wir können doch noch nicht da sein.

- Er hält nur kurz, fünf Minuten, und es geht weiter.

- Vater? 

- Das ist eben so! Hör auf zu fragen!

Ich verlasse die Führerkabine, ich will mir das Gesicht waschen und mein Zeug aus der Kabine holen. Ich gehe den Gang hoch. Es muss noch sehr früh sein, fünf oder halb sechs Uhr morgens, doch von den Kabinen riecht es schon abstossend nach Morgen, nach Rasierwasser. und Trockenshampoo, Haarspray. Der ganze Zug scheint wach zu sein. Ich zwänge mich an einer Gruppe Russen vorbei; im nächsten Waggon sind noch mehr Russen, überall Leute, und alle mit ihrem Gepäck unter dem Arm, alle mit Plastiktüten und Sporttaschen. Die Fenster stehen offen, ich gehe zu Fenster hin, und was sehe ich?
In Europa wirft man das Geld aus dem Fenster, das weiss ich, aber verdammt, doch nicht so!

Il fut un temps où je le suppliais à genoux pour qu'il m'emmène avec lui. Je dormais dans la cabine, à ses côtés je sentais que rien ne pouvait m'arriver. En cours de route, nous avons perdu l'envie de nous enfermer dans la locomotive avec l'un et l'autre pour seule compagnie. Ce matin pourtant, il est apparu dans la chambre, m'a demandé de faire le thé pour nous deux, nous nous somme asis en silence, il semblait soucieux. Il m'a annoncé que je partais avec lui. Je me suis contenté d'acquiescer, ce n'était pas une question.

Il fait nuit au dehors, je prend mes repères dans la cabine: le lavabo ridiculement petit... Nous restons debout pour fumer.

Le train s'arrête en province: le quai se profile dans l'obscurité et je suis incapable de lire le panneau. Personne ne monte, personne ne descend: nous sommes au milieu de la nuit. J'ai le temps de fumer entirèrement une cigarette. Papa est resté rivé à son moniteur.

- Papa, pourquoi tu t'arrêtes, il n'y a personne ici?

Il s'est tourné vers moi et marmonne une réponse avec la voix qu'il prend toujours pour me parler, comme à un gamin. Il me traite encore comme un enfant alors que je suis majeur depuis déjà trois mois.

- Et toi, pourquoi tu ne dors pas? Ce que je fais ce n'est pas ton affaire. Moi je conduis, toi tu te tais.

Comme convenu je me tais, mais je reste dans l'encadrement de la porte. Nous repartons. Je m'installe sur la petite couchette derrière son siège. J'ai dû m'assoupir, quand je me réveille, nous sommes de nouveau arrêtés. Nous allons passer la frontière. Derrière la vitre des fonctionnaires sont en train de discuter, je reconnais la voix de mon père. Les douaniers font leur contrôle dans le train.

Mais cela ne dure pas; mon père revient dans la cabine et le train redémarre. Il a les traits tirés, c'est un vieil homme tout à coup.

- Pas de contrôles aujourd'hui?

- On dirait bien que c'est ton jour de chance. Tu as du feu?

- Oui mais plus de cigarettes.

Le soleil se lève, nous roulons toujours. Le soleil joue sur le visage de mon père, de petites ombres restent accrochées à ses rides. Un vieil employé fatigué. Et s'il prenait bientôt sa retraite? Je n'ai aucune envie de devenir chef de train.

Le train stoppe à nouveau. Sur la couchette je suis à moitié dans les vappes.

- On y est? On ne peut tout de même pas être déja arrivés!

- Cinq minutes et on repart.

- Papa? Ce n'est même pas une gare!

- Tu veux bien arrêter? J'ai dit cinq minutes.

Je quitte la cabine,il faut que je me débarbouille et me dégourdisse les jambes. Il est encore très tôt. Une odeur d'après rasage, de laque et de shampoing sec flotte entre les cabines, le train semble complètement réveillé.Je m'approche d'un groupe de russes, ils sont presque tous russes dans ces wagons, la plupart serrent un paquet sous le bras, tous ont avec des sacs en plasitque ou un sac de sport. Les vitres sont ouvertes en grand, je me penche pour avaler une bouffée d'air glacé et que vois-je? Ils jettent leurs paquets par la fenêtre! Ils jettent leurs foutus paquets par la fenêtre! En europe, je veux bien qu'on jette l'argent par la fenêtre, mais tout de même qu'est ce que c'est que ça?!?

Dima s'est adossé contre la paroi. Il voudrait faire demi-tour, mais c'est impossible, il y a des gens partout. un homme lui bourre un sac dans les mains "Eh, pourquoi on te paie toi?"Dima ne réplique rien, il a vu très clairement l'énorme clé à boulons dépasser de la poche du mastodonte, il perçoit des bruits de tôle; le compartiment tout neuf est réduit en pièces détachées par une armée de fous-furieux. Si son père se doutait qu'on lui démonte son joujou!Il a bie envie d'attrapper l'autre par le bras et de le menacer "Tu ne sais pas qui je suis peut-être!"

Mais il ne dit rien, il prend le paquet qu'on lui tend et comme les autres, le jette par la fenêtre, aussi loin qu'il peut, rageur.

Il n'ose pas leur dire qu'il n'est pas à sa place ici. D'un autre côté il lui semble qu'ils s'en ficheraient s'il leur disait qu'il est le fils du conducteur, ça ne les impressionnerait pas plus que ça.

Quand tout est terminé et qu'il n'y a plus aucun sac dans le couloir, que tout le monde a disparu comme par magie dans un compartiment,il reste un homme dont le visage reflète la même surprise. Il tourne les talons, il lui faut retourner chez son père le plus vite possible, avoir le coeur net.Le train a redémarré dans un sursaut quand il entre dans la cabine des maneouvres:

- Papa, je suis désolé! Je ne sais pas... Ils ont jeté des sacs par la fenêtre et j'ai dû les aider, mais papa, je ne suis pas stupide, je le sais très bien ce que c'était dans ces sacs! Pourquoi t'es tu arrêté Papa!

- Dima ce n'est pas le moment, va t'allonger quelque part, je ne peux pas travailler si tu restes là à pleurnicher.

Dima s'éloigne, ses mains tremblent, il va fumer cigarette sur cigarette jusqu'à l'arrivée. Il repense à l'homme dans le couloir, s'il pouvait lui parler... Il jette un coup d'oeil derrière lui, son père est si occuppé qu'il n'en saura rien.