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Version vom 3. Dezember 2010, 12:38 Uhr von Arthurb (Diskussion | Beiträge)

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Thomas allait à sa séance chez le psy. Troisième séance, ça n’avait absolument pas de résultats, mais ça le divertissait. Parfois, il se sentait presque lui-même l’âme d’un docteur qui venait soulager les maux du vieil homme. Alors il pensait bien revenir, encore, il le fallait, il ne pouvait laisser ce pauvre Aaron Schmitt sans lui.
C’était un lundi matin, et Thomas allait à sa séance chez le psy. En ouvrant la porte du cabinet, il se trouva nez à nez avec la réceptionniste, le crapaud, celle qui avait un nom de vieux bouton moisi. Mais pas seulement. Dans la salle d’attente, deux individus. Une femme, assez belle, la trentaine, était assise à côté d’un homme du même âge, un peu pâlichon.
Et puis elle arriva, elle, la jeune fille rousse. Il la fixa, elle sembla étonnée de le voir. Elle vint s’asseoir à côté de lui.
Thomas ne savait pas très bien quoi faire, la situation était embarrassante, c’était l’occasion rêvée pour s’adresser à elle, et en même temps, avec tout ce monde… Il s’étonnait lui-même, il n’avait pourtant jamais été du genre timide, plutôt tête brûlée. Mais là, non, là, ça comptait, là, c’était important. Le psy sortit de son cabinet. La femme, l’autre, serra la main du psychiatre avec un sourire aimable. Elle lui présenta le pâlichon, qui était son mari. Etrange, il n’avait pas l’air d’être son mari, tout les opposait, se disait Thomas, mais bon, parfois, c’est comme ça.
Est-ce que tout les opposait, avec la fille aux cheveux rouges ? Il se dit qu’il pouvait au moins lui demander son nom. Il lui demanda comment elle s’appelait. Elle le fixa un moment, intensément, avant de répondre : « Maus ». Maus, quel étrange nom, ça lui allait pourtant tellement bien. Maus ne pouvait aller qu’à un individu unique, exceptionnel. Il se sentait idiot de dire son nom, à lui, Thomas, ça sonnait tellement cliché, classique, désuet.
Des Thomas, il y en a des centaines, des milliers. Des Thomas Sorel, il y en a sûrement une dizaine. Des Maus ? Il en était sûr, il n’y en avait qu’une seule, et c’était elle.



- Nom de Dieu !
Le blasphème d’Aaron Schmitt était légitime. La salle d’attente était le théâtre d’un événement hors du commun.
« Je vais la virer. Je vais la virer », pensa le vieux psychiatre à l’égard de Mme Hagebutten.
Celle-ci était assise à son bureau, un café à la main, et lisait un magazine.
- Qu’avez-vous fait encore ? Vieille sorcière !
- Qu’est-ce qu’elle a la momie ?
Elle ne leva même pas les yeux de son journal.
- Je vous parle de ce qui se passe dans ma salle d’attente. Qu’est-ce que font tous ses patients ?
- Demandez-le leur.
- Vous allez arrêter vos conneries de ménagère écervellées à la recherche du grand amour. Nous ne sommes pas dans un roman, bon sang! Personne n’est en train d’écrire cette histoire ! Vous ne trouverez pas le bonheur dans un magazine ! C’est la vraie vie ! Et votre prince charmant est sûrement un alcoolique écumeur de bars et de bordels ! Il ne s’appelle pas Bridges ou Steven mais Jean-Jacques. Il est certainement aveugle et transporte une cabine téléphonique dans son estomac. Grand Dieu, ouvrez-les yeux !
Cette fois, elle leva des yeux mouillés.