Simultan
Voyage en train
Aus Simultan
Le wagon avançait rapidement, presque silencieusement, en longeant le lac… Thomas regardait par la fenêtre, décrochant alors de sa lecture. Il dévorait avec passion L’écume des jours, de Boris Vian. Ça le laissait songeur. Cela faisait maintenant trois semaines qu’il avait commencé cette nouvelle école. Il était heureux. Il avait l’impression d’être vraiment là où il devait être. Faire ce qu’il aimait… C’était si simple et pourtant cela paraissait si rare. En regardant les gens, autour de lui, il se demandait lequel d’entre eux était vraiment heureux, lequel d’entre eux faisaient vraiment ce qu’ils avaient voulu faire. Le savait-il seulement ? Avaient-ils eu, comme lui, cetimpératif catégorique (le mot l’avait marqué au lycée, même s’il n’avait rien compris à Kant, il le mettait à sa sauce), cette force incontrôlable, cet appel intérieur qui les avaient fait devenir ce qu’ils étaient, là, maintenant ?
Thomas se disait qu’il réfléchissait sans doute trop. C’était plus fort que lui. Est-ce que l’on réfléchit vraiment trop ? Et le fait de penser ça, c’est réfléchir trop ?