Simultan

À la recherche de Bobby, 19.03.10

Aus Simultan

Version vom 30. April 2010, 10:41 Uhr von Laurencel (Diskussion | Beiträge)

Lorsque Luna arrive devant la porte de la maison d’Ael, celle-ci s’ouvre bruyamment et Ael apparaît, les cheveux tout emmêlés et les joues rouges, complètement excitée. « Entre » dit-elle à Luna et elle referme la porte violemment derrière elles.
- Je vais devenir folle. ça fait deux heures que je le cherche partout, et je ne trouve absolument rien ! Rien de rien, il s’est volatilisé, envolé, disparu.
Et elle se laisse tomber totalement dépitée sur un coin du canapé. Luna que la tornade blonde n’effraie plus depuis longtemps vient s’asseoir à côté d’elle.
- Bon… où est-ce que tu n’as pas encore cherché ?
- Nulle part je te dis, j’ai regardé dans les moindres recoins, il n’est nulle part, gémit-elle.
- Arrête il est forcément quelque part…
- Non pas forcément… Si ma mère l’a récupéré je peux le chercher encore longtemps.
- …Ta mère ne l’a pas récupéré, arrête avec cette histoire !
Luna marque un temps, regarde autour d’elle : coussins jetés en travers de la pièce, papiers disséminés dans tous les recoins, tiroirs ouverts… On pouvait dire qu’elle y avait mis du sien.
- Tu as fouillé dans sa chambre ?
- A ma mère ? Oui bien sûr… Mais il n’y est pas.
- Le Garage ?
- Oui.
- Le grenier ?
- Oui.
- La cave ?
- Oui.
- … Le frigo ?
- Le frigo ? ça va chez toi ou pas ?
Luna hausse les épaules et continue à sonder la pièce du regard :
- Ma mère avait perdu sa bague de fiançailles un jour… on l’a retrouvé entre deux laitues. Je dis ça pour t’aider.
Ael la considère curieusement mais se lève à contrecœur pour inspecter le frigo. Il n’y a rien.
- Et dehors ?
- Dehors ?
- Oui ben si tu as pu envisager qu’il soit dans le réfrigérateur, tu peux envisager qu’il soit allé faire un tour dehors non ?
- Arrête avec tes histoires… Bobby c’est pas l’Esprit-Saint !
- Tout ce que je dis c’est qu’on a intérêt à tout fouiller, même les endroits les plus insolites si effectivement tu as déjà regardé partout. Je vais faire un tour dehors.
Et Luna fait le tour de la maison sans oublier un seul recoin : du parterre de fleur aux buissons épineux, près de la mare, vers les poubelles, mais rien. Toujours rien. Lorsqu’elle arrive à l’intérieur Ael fouille rageusement dans sa chambre :
- Il doit être ici, je suis sûre qu’il est ici… Mais c’est pas vrai, c’est pas vrai…
Luna l’attrape par les épaules et la secoue un bon coup :
- Avant toute chose, toi tu vas te calmer !
- Et si on le retrouve pas… ? Ael appuie sa tête contre Luna, qui la prend dans ses bras.
- On le retrouvera, ne t’inquiète pas. Je vais chercher un moment, peut-être qu’avec une autre paire d’yeux on sera plus chanceuses. En attendant va ranger le salon.
Et Luna cherche, soulève le matelas inspecte l’armoire vide le bureau et la poubelle regarde derrière les rideaux puis passe au salon recommence son remue-ménage et va à la cave passe au grenier pousse jusqu’au garage, à la salle de bain la chambre d’amis la chambre de la mère et revient bredouille. Elle passe plus d’une heure à mettre la maison sens dessus-dessous et ne trouve rien, pas même un bout de jambe qui indiquerait qu’il a été enlevé par des terroristes exigeant une rançon. Rien de rien.
Ael désespère. Toutes deux restent assises épuisées sur le canapé, Ael sanglote presque Luna l’entoure d’un bras. Ael se frotte les yeux et se détourne :
- Je suis débile, excuse-moi.
- Tu n’es pas débile, tu y tiens c’est tout. C’est normal.
Et elles restent silencieuses.
Une clef tourne dans la porte et la maman d’Ael apparaît :
- Bonjour les filles, comm… Bon sang qu’est-ce qu’il s’est passé ici ?
- J’ai perdu…quelque chose, bredouille Ael.
- Et on l’a cherché partout, renchérit Luna.
- …Et vous l’avez trouvé j’espère ? Demande-t-elle en se débarrassant de son manteau.
- Non…il n’y a absolument rien et on a fouillé partout.
- Vous cherchiez quoi ?
- …Un ours en peluche que papa m’avait offert, je ne sais pas si tu vois duquel je parle.
La mère d’Ael rougit un peu et se détourne :
- Non non je ne vois pas.

Ael reste appuyée contre sa fenêtre, le front contre le verre. Luna est partie depuis une heure après avoir remis la maison en état. Sa mère frappe.
- Je peux entrer ma chérie ?
- Oui bien sûr… Et Ael vient s’asseoir sur son lit.
- J’ai un petit quelque chose pour toi…
Et elle lui tend un paquet cadeaux. Tout mou. Ael le considère bizarrement et ouvre. Une patte velue et rafistolée apparaît, puis une tête où les yeux se croisent : Bobby. Ael regarde sa mère, stupéfaite. Elle voudrait parler mais elle tremble de rage et aucun son ne sort.
- Je suis désolée ma chérie, bredouille sa mère, embarrassée. Je… Tu… Tu l’avais laissé traîner sur ton lit et je… je ne sais pas quand je l’ai vu…j’ai…ça m’a fait mal…J’étais tellement en colère et j’en veux tellement à ton père, je n’ai pas réfléchi… Je…Je voulais le mettre à la déchetterie et puis… j’ai oublié, je l’avais dans la voiture. Et ce soir, quand j’ai vu dans quel état tu avais mis la maison, je… je n’ai pas pu m’en débarrasser : j’avais trop honte. Je suis désolée ma chérie, vraiment.
A la fin de sa tirade, elle attend apeurée et honteuse la réaction de sa fille chérie. Ael ne bouge pas, et ne prononce pas un mot, puis elle murmure :
- Sors.
Sa mère sort sans protester et le plus doucement possible, comme si elle ne voulait pas troubler leurs retrouvailles. Ael caresse un long moment le poil rêche de Bobby, le serre fort contre elle. Et elle se couche en pestant contre sa mère, puis, juste avant de s’endormir elle pense : au moins elle a fait l’effort de faire un paquet.