Simultan
L'errance de la fin
Aus Simultan
Benoît, chaos, gratouillait sa guitare, vautré dans les bâches. La scène s'était effondrée. Et la scène était bien plus que la scène. C'est le monde qui s'était effondré. Les sons, distordus, qui sortait de la main de Benoît, mimaient la fin du monde. Le lac de Bielarium avait disparu, aspriré par un typhon. De l'île, plus aucune trace, comme si elle n'avait jamais existée. C'était bien plus que le déligue. Et personne pour prendre le rôle de Noé.
Bourriez délirait dans sa chambre d'hôpital. L'infirmière lui avait administré une dose de morphine. Il fredonnait, entre deux phrases insensées, un air de jazz. Il se confessait à Nadine, lui promettait le Canada, bavait, faisait des bulles en parlant, il baratinait Nadine, qui avait l'air de s'ennuyer.
- Le Canada, Nadine, le Canada, oui, avec toi au nadaca...
- Oui, mon Bourriez, on verra cela quand tu seras rétablis.
Belarium sentait le désastre, avec des relents de bières. Les rues ne pouvaient encore se nommer ainsi. Le béton fondait. La lune crapulait quelque part. C'était la fin du monde.
La bibliothèque s'était renversée sur Barbara, qui faute d'avoir ramené John dans son plumard, s'était titillé le clitoris à coup de vibro, elle allait jouir, elle jouissait quand les livres lui tombèrent sur la gueule. Gilles sombrait.
Dans le gravas, le commissaire miaulait un requiem. Son manteau était en lambeaux, et sa loupe en morceaux. Il tira sur le cul de son cigare, il s'étouffa et creva net. Le commissaire n'était plus qu'un loque, une vieille ombre. Une tâche.
Belirum n'était plus qu'un trou. Un trou béant et aspirant.