Simultan

Die Fahrt/Le retour

Aus Simultan

Version vom 23. November 2007, 10:43 Uhr von KatharinaW (Diskussion | Beiträge)

Bourriez, la main sur le champignon, en avant les manettes, cherchant les vitesses, clignant de l'oeil sur le bonnet rouge au manteau noir, suant, perlant, cherchait toute vitesse quelque chose à dire, à lui dire, à elle, à Nadine.

Nadine stelle das Radio an. Schlechte Musik auf allen Sendern. Lass das drin! das ist gut! rief Bourriez, aber Nadine drehte trotzdem weiter.

Accroché au rétroviseur, se balançant, ronronnant, le perroquet semblait faire la jointure entre les deux, ce qui permit, à Bourriez, de lâcher dans le silence plombant de la cabine:

- Il s'appelle Herr Théodor, ma peluche fétiche, une sorte de Saint Christophe!

- Theodor? Das ist lustig. Meine Schwester - ma soeur - die hatte auch mal einen Papagei, der so hieß, aber...

Ne comprenant rien à ce charabia, n'y comprend goutte, elle pourrait faire un effort, une histoire de soeur et de papagei, qu'est-ce qu'elle veut me dire, un langage codé, il répondit un peu gringe:

 - Oui... oui, oui, moi aussi.

 - Papageie sind eh sehr hässliche Tiere. Und nervig. Ich habe sie nie gemocht. Deiner kann wenigstens keinen Mist reden.

Nadine sah zu Bourriez rüber, der angestrengt nach vorne auf die Straße blickte. Es wurde schon dunkel und die Scheinwerfer des Lasters erhellten eine kegeklförmige Fläche vor ihnen, in dem die Schneeflocken tanzten.

Elle insiste avec son affaire de papagei, parle comme un perroquet, devrais remettre la radio, et puis ses phares dans la gueule, je déteste conduire dans ces conditions, en plus la neige, la chaussette gauche trempée, la semelle fêlée, pourrais lui faire le coup de la panne, fait quand même un temps de chiotte, le prendrait mal, me ferait des reproches, me prendrait pour un vieux pervers, non, garder la vitesse, viser dans le mil, Bourriez caresse en conduisant Herr Théodor. Pourrais lui poser la main sur la cuisse, l'air de rien, comme si j'avais voulu changer une vitesse. Il tend sa main vers elle, pivote, se reprend, hésite, se rétracte, la ramène vers lui, la passe dans ses cheveux, couille molle, Bourriez, tu n'es qu'une couille molle.

 - Quel temps de chiotte...

 - Was?

Er wirkt ein bißchen nervös. Anstrengend ihm dabei zuzusehen, wie er immer wieder den Papagei streichelt, fast so, als wäre es ein echtes Lebewesen, das Liebe und Zärtlichkeit braucht. Seine Hände sind knochig, schon alt, schon viel älter als sein Gesicht, in dem sich die Bartstoppeln ausgebreitet haben. Unter den Augen dunkle Ringe, die gut zu den dunklen Haaren passen. Er greift erneut nach dem Papagei und sie nimmt seine Hand, bevor er die Bewegung zu Ende führen kann. Die Hand ist kalt.

Patte inerte du loup à la renverse sur patte femelle tendre et câline et tiède et douce et chaude et brûlante, Bourriez n'avait pas pensé à cette possibilité, sa main prise dans la gueule du loup, le bonnet rouge, les voitures rouges, la neige rouge, Bourriez voyait tout en rouge, son sexe très certainement rouge aussi. Il faillit faire un accident, se repris de justesse, lâcha la main de Nadine, sueur froide. Nadine fut secoué, gauche droite, épaule contre épaule, le camion s'arrêta au bord de la route, la nuit était tombée.

 - Je ne sais pas ce qui c'est passé, on l'a échappé belle, du moins pour l'instant.

Bourriez faisait aller sa bouche n'importe comment, les mots n'importe où, il était sous le joug de l'émotion: Etat de choc. Nadine en profita.

 - Oh nein, das war meine Schuld. Es tut mir leid!

Nadine kam sich vor wie Nadine. Nadine, die immer nur Mist baut, ganz egal. Ihr Herz klopfte viel zu schnell und ihr Gesicht war sicher so rot wie die Mütze, für die es plötzlich viel zu heiß war.

 - Können wir bitte kurz anhalten? Bitte? Es tut mir leid.