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PORTRAIT / PORTRÄT
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PORTRAIT A gauche comme à droite, on le respecte. Jamais depuis Christoph Blocher la Suisse n'avait connu un politicien aussi populaire. Il dit être un fervent défenseur des valeurs helvétiques et un passionné de pêche. Retour sur le parcours sans faute de Walter Winkler, favori dans la course à l'élection au Conseil fédéral le 14 décembre et récemment élu au Conseil des Etats.
L'élection au Conseil fédéral du 14 décembre, Walter Winkler nous dit ne pas trop y penser. Il sait qu'il a ses chances, mais que tous les chaque candidat a la même probabilité d'être élu. Il nous dit d'ailleurs sur un ton blagueur que "dans la vie il n'y a pas que la politique". Etonnant, quand on sait qu'il est un politicien qui déteste parler de sa vie privée. Le connaissant, on ne lui a rien demandé concernant sa vie privée, c'est lui-même qui est venu sur le sujet:"la pêche est une activité - en dehors de mon travail de politicien - que j'affectionne tout particulièrement. J'y apprends la patience que je n'ai pas toujours eue lors des assemblées parlementaires. Et puis c'est reposant de s'installer sur une berge du lac de Bienne et d'attendre que ça se passe. Quand on est pêcheur, comme quand on est politicien, il faut apprendre à ne pas toujours gagner."
Modeste monsieur Winkler. Pourtant la défaite, il ne connaît pas trop. En 1981, alors qu'il n'a que vingt ans, il connaît sa première expérience politique. Lui qui n'avait aucun attrait pour la politique, il se rend un peu par hasard au Conseil général de sa commune natale.
Il prête serment uniquement parce que quelques détails dans son village le dérangeaient : « Je ne comprenais pas pourquoi nous n’avions pas de déchetterie dans notre commune. J’ai fait la proposition lors d’une séance au conseil communal, puis tout s’est enchaîné très vite.»
En effet, seulement dix ans plus tard, il est élu au Conseil national. Il propose une politique de droite dure, notamment concernant les questions des étrangers et de l’Europe. Rigoureux avec ses adversaire, Walter Winkler peut aussi se montrer très lisse et capable de pactiser avec le centre et parfois même avec la gauche. « Vous savez, je ne suis pas tellement partisan de ce qu’on appelle l’échiquier politique. J’ai des idéaux, comme les centristes, comme les gauchistes. Je comprends leurs idéaux à eux, et souvent je me rends compte que nous avons les mêmes. Seulement le moyen d’y arriver est sensiblement différent. Je crois que le but d’un politicien n’est pas de se positionner à gauche ou à droite mais bien plutôt de communiquer avec les autres forces. Tout passe par le dialogue ».
La seule interrogation qui nous vient c’est, pourquoi avoir attendu si longtemps avant de se lancer dans la course au Conseil des Etats ? Il nous répond prudemment, comme souvent, que c’est parce qu’il ne voulait pas précipiter les choses. Le score des dernières élections fédérales lui donne raison. Il a été aisément élu au premier tour.
Et quand on lui pose la question de l’élection du 14 décembre, il reste encore plus prudent, presque gêné de devoir mettre ses qualités en avant pour briguer la plus haute fonction du pays. « Vous savez, nous dit-il le teint rosi de modestie, si je suis élu au Conseil fédéral le 14, tant mieux. Sinon, je continuerai mon travail de conseiller aux Etats. Comme la pêche, si j’attrape une grande truite, ce n’est que du bonus pour moi. »
Un conseiller fédéral comme Winckler ne peut que faire du bien à la Suisse. Nous ne sommes pas sans ignorer qu’il prône une politique de droite et qu’il a une vision très conservatrice du pays. Mais il y a des sages qui parfois passent par là, avec la tête sur les épaules et une droiture d’esprit qui manque à certaines personnalités politiques. Winkler nous ferait du bien en cette période de crise.