Simultan

Die Fahrt/Le retour

Aus Simultan

Version vom 14. Dezember 2007, 23:31 Uhr von AnneL (Diskussion | Beiträge)

Bourriez, la main sur le champignon, en avant les manettes, cherchant les vitesses, clignant de l'oeil sur le bonnet rouge au manteau noir, suant, perlant, cherchait à toute vitesse quelque chose à dire, à lui dire, à elle, à Nadine.

Nadine stellte das Radio an. Schlechte Musik auf allen Sendern. Lass das drin! Das ist gut! rief Bourriez, aber Nadine drehte trotzdem weiter.

Accroché au rétroviseur, se balançant, ronronnant, le perroquet semblait faire la jointure entre les deux, ce qui permit, à Bourriez, de lâcher dans le silence plombant de la cabine:

- Il s'appelle Herr Théodor, ma peluche fétiche, une sorte de Saint Christophe!

- Theodor? Das ist lustig. Meine Schwester - ma soeur - die hatte auch mal einen Papagei, der so hieß, aber...

Ne comprenant rien à ce charabia, n'y comprend goutte, elle pourrait faire un effort, une histoire de soeur et de papagei, qu'est-ce qu'elle veut me dire, un langage codé, il répondit un peu gringe:

 - Oui... oui, oui, moi aussi.

 - Papageien sind eh sehr hässliche Tiere. Und nervig. Ich habe sie nie gemocht. Deiner kann wenigstens keinen Mist reden.

Nadine sah zu Bourriez rüber, der angestrengt nach vorne auf die Straße blickte. Es wurde schon dunkel, und die Scheinwerfer des Lasters erhellten eine kegeklförmige Fläche vor ihnen, in der die Schneeflocken tanzten.

Elle insiste avec son affaire de papagei, parle comme un perroquet, devrais remettre la radio, et puis ses phares dans la gueule, je déteste conduire dans ces conditions, en plus la neige, la chaussette gauche trempée, la semelle fêlée, pourrais lui faire le coup de la panne, fait quand même un temps de chiotte, le prendrait mal, me ferait des reproches, me prendrait pour un vieux pervers, non, garder la vitesse, viser dans le mil, Bourriez caressait en conduisant Herr Théodor. Pourrais lui poser la main sur la cuisse, l'air de rien, comme si j'avais voulu changer une vitesse. Il tendit sa main vers elle, pivota, se reprit, hésite, se rétracta, la ramèna vers lui, la passa dans ses cheveux, couille molle, Bourriez, tu n'es qu'une couille molle.

 - Quel temps de chiotte...

 - Was?

Er wirkte ein bißchen nervös. Es war anstrengend ihm dabei zuzusehen, wie er immer wieder den Papagei streichelte, fast so, als wäre es ein echtes Lebewesen, das Liebe und Zärtlichkeit braucht. Seine Hände waren knochig, schon alt, sahen schon viel älter aus als sein Gesicht, in dem sich die Bartstoppeln ausgebreitet haben. Unter den Augen hatte er dunkle Ringe, die gut zu den dunklen Haaren passten. Er griff erneut nach dem Papagei, und sie nahm seine Hand, bevor er die Bewegung zu Ende führen konnte. Die Hand war kalt.

Patte inerte du loup à la renverse sur patte femelle tendre et câline et tiède et douce et chaude et brûlante, Bourriez n'avait pas pensé à cette possibilité, sa main prise dans la gueule du loup, le bonnet rouge, les voitures rouges, la neige rouge, Bourriez voyait tout en rouge, son sexe très certainement rouge aussi. Il faillit faire un accident, se reprit de justesse, lâcha la main de Nadine, sueur froide. Nadine fut secoué, gauche droite, épaule contre épaule, le camion s'arrêta au bord de la route, la nuit était tombée.

 - Je ne sais pas ce qui c'est passé, on l'a échappé belle, du moins pour l'instant.

Bourriez faisait aller sa bouche n'importe comment, les mots n'importe où, il était sous le joug de l'émotion: Etat de choc. Nadine en profita.

 - Oh nein, das war meine Schuld. Es tut mir leid!

Wieder so ein Nadine-Moment. Nadine, die immer nur Mist baute, ganz egal. Ihr Herz klopfte viel zu schnell und ihr Gesicht war sicher so rot wie die Mütze, für die es plötzlich viel zu heiß war.

 - Ich hatte Angst.

 - Moi aussi.

Sie öffnete die Tür, lies sich aus dem Fahrerhäuschen gleiten, sie stand im Schnee, nun ohne Mütze und ohne Mantel, und ihre Wangen brannten. Sie hatte seine Hand genommen und er hatte sie gleich wieder weg gezogen. Natürlich, denn er hatte ja eine Frau zu Hause, und man nimmt nicht die Hand von Männern anderer Frauen. Die Hand war so kalt gewesen. Bourriez ne comprenait pas lui-même son geste, il avait une femme, Martinette, mais cela faisait plus d'une semaine qu'elle lui tirait la gueule. Nadine lui plaisait, mais il avait peur des conséquences. Le bas du ventre lui démangeait, il se gratta le front, il s'excusa dans un monolgue intérieur, il pensa à la cabine, au lit de camp derrière les sieges, ne voulait plus conduire, voulait rester avec elle, descendit du camion, fit quelques pas pour reprendre ses esprits, ne veux pas reprendre mes esprits, Méphostopheles planait sur Faust, ne veux pas reprendre mes esprits, plutôt les perdre, plutôt me perdre, juste un coup, juste pour une fois,

Sie stand gegen den Laster gelehnt, ihr wurde immer kälter, doch sie wollte nicht zurück hinein, sich neben ihn setzen und den Rest der Fahrt schweigen. Lieber wollte sie hier draußen stehen bleiben, bis ihr Körper am Metal des Fahrzeugs festfrohr, bis ihr Herz von der Kälte endlich wieder langsamer klopfte.

Plötzlich stand er vor ihr, nicht ganz unerwartet, man kennt das aus Filmen, nicht ganz unerwartet, denn er konnte da drinnen ja nicht ewig auf sie warten. Er war eh schon zu spät dran.

 - Viens dedans! Il fait trop froid.

Nadine schüttelte langsam den Kopf.

 - Viens dedans, il me reste du café, on le partagera.

Er trat näher. Sie zitterte. Er fasste mit beiden Händen an ihre Arme und rieb (die Geste des Wärmens, auch das sieht man in Filmen immer wieder, aber er konnnte sie ja schließlich nicht erfrieren lassen). Er stand ganz nah und roch nach Rauch und nach dem blauen Addidas-Deo, das auch Tobias so gern benutzte. Il s'approcha encore, le visage cette fois-ci, ses lèvres, et d'un coup, il plongea sa langue entre les lèvres de Nadine, plangea plus loin, plus profond, lui toucha la glotte. Elle aima, se pâma, se retira, il insista, c'était parti d'un coup, il enchaîna, l'enchaîna, c'était la fin, c'était le commencement.