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«Tiens, bois ça.»<br>Je devais trop m’appuyer à la barrière de son balcon. Il est vrai que parfois je joue avec le fantasme d’en sauter, surtout avec toute l’herbe verte qu’on pouvait voir en contrebas. Ces envols de haut en bas n’étaient certainement pas étrangers à mes migrations de gauche à droite puis droite à gauche, de pas chez moi à pas chez moi, de pas chez moi à chez moi. Il y avait toutefois pire que de mourir sur du vert. Tous ces cravatés qui grattaient le ciel et la bourse en 1929 et en 2009 avaient dû le constater&nbsp;; il y avait aussi le gris bitume. Rouge et vert, on parle de couleurs complémentaires.<br>Sven avait posé un petit verre de liquide ambré sur la balustrade grise, et ce contraste me plaisait déjà plus que le gris et le rouge. <br>«&nbsp;C’est du whisky&nbsp;?&nbsp;<br>– Glenmorangie, le meilleur.<br>– Somptuaire dépense.&nbsp;» J’en avais entendu parler, et j’avais aussi lu les notices d’emballage en traversant un de ces magasins détaxés d’aéroport, mais n’avais jamais eu le loisir ni l’argent de m’en procurer une bouteille.<br>«&nbsp;Avec une pointe d’eau, histoire de travailler sur son corps.&nbsp;»<br>Je ne me suis pas retrouvé dans un jardin italien entouré de mandariniers, de poiriers, de pommiers et de citronniers ni n’avais-je l’impression d’avoir ingurgité de la menthe sauvage voire des fleurs de géraniums, mais je reconnais que cette gorgée était savoureuse et subtile pour un ignare comme moi, que je ne la recrachai pas comme il m’était arrivé de le faire plus jeune, lorsqu’on je m’essayais au whisky à dix francs à même le goulot. Je laissai échapper un soupir en reposant&nbsp;[[Abricoderm|l’offrande exceptionnelle]] de Sven.<br>«&nbsp;“Un dernier pour la route”, quelle expression absurde&nbsp;!<br>– C’est pour cela que je ne l’ai pas utilisée...<br>– Premièrement, ce n’est pas le dernier, deuxièmement parler de la vie humaine en terme de route serait en tailler un grossier portrait.<br>– Peut-être aussi parlait-on simplement de route.&nbsp;»<br>Et c’est ainsi que dans un premier tant je me désintéressai de la couleur de l’herbe en dessous du balcon de Sven pour m’intéressait à la couleur de son whisky.<br>  
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«[[Bien.|Tiens, bois ça]].»<br>Je devais trop m’appuyer à la barrière de son balcon. Il est vrai que parfois je joue avec le fantasme d’en sauter, surtout avec toute l’herbe verte qu’on pouvait voir en contrebas. Ces envols de haut en bas n’étaient certainement pas étrangers à mes migrations de gauche à droite puis droite à gauche, de pas chez moi à pas chez moi, de pas chez moi à chez moi. Il y avait toutefois pire que de mourir sur du vert. Tous ces cravatés qui grattaient le ciel et la bourse en 1929 et en 2009 avaient dû le constater&nbsp;; il y avait aussi le gris bitume. Rouge et vert, on parle de couleurs complémentaires.<br>Sven avait posé un petit verre de liquide ambré sur la balustrade grise, et ce contraste me plaisait déjà plus que le gris et le rouge. <br>«&nbsp;C’est du whisky&nbsp;?&nbsp;<br>– Glenmorangie, le meilleur.<br>– Somptuaire dépense.&nbsp;» J’en avais entendu parler, et j’avais aussi lu les notices d’emballage en traversant un de ces magasins détaxés d’aéroport, mais n’avais jamais eu le loisir ni l’argent de m’en procurer une bouteille.<br>«&nbsp;Avec une pointe d’eau, histoire de travailler sur son corps.&nbsp;»<br>Je ne me suis pas retrouvé dans un jardin italien entouré de mandariniers, de poiriers, de pommiers et de citronniers ni n’avais-je l’impression d’avoir ingurgité de la menthe sauvage voire des fleurs de géraniums, mais je reconnais que cette gorgée était savoureuse et subtile pour un ignare comme moi, que je ne la recrachai pas comme il m’était arrivé de le faire plus jeune, lorsqu’on je m’essayais au whisky à dix francs à même le goulot. Je laissai échapper un soupir en reposant&nbsp;[[Abricoderm|l’offrande exceptionnelle]] de Sven.<br>«&nbsp;“Un dernier pour la route”, quelle expression absurde&nbsp;!<br>– C’est pour cela que je ne l’ai pas utilisée...<br>– Premièrement, ce n’est pas le dernier, deuxièmement parler de la vie humaine en terme de route serait en tailler un grossier portrait.<br>– Peut-être aussi parlait-on simplement de route.&nbsp;»<br>Et c’est ainsi que dans un premier temps je me désintéressai de la couleur de l’herbe en dessous du balcon de Sven pour m’intéressait à la couleur de son whisky.<br><br>
  
[[Category:Sven|tut]]
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[[Category:Sven|pour]]&nbsp;
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[[Category:Jörg|pour]]

Aktuelle Version vom 26. November 2010, 09:34 Uhr

«Tiens, bois ça
Je devais trop m’appuyer à la barrière de son balcon. Il est vrai que parfois je joue avec le fantasme d’en sauter, surtout avec toute l’herbe verte qu’on pouvait voir en contrebas. Ces envols de haut en bas n’étaient certainement pas étrangers à mes migrations de gauche à droite puis droite à gauche, de pas chez moi à pas chez moi, de pas chez moi à chez moi. Il y avait toutefois pire que de mourir sur du vert. Tous ces cravatés qui grattaient le ciel et la bourse en 1929 et en 2009 avaient dû le constater ; il y avait aussi le gris bitume. Rouge et vert, on parle de couleurs complémentaires.
Sven avait posé un petit verre de liquide ambré sur la balustrade grise, et ce contraste me plaisait déjà plus que le gris et le rouge.
« C’est du whisky ? 
– Glenmorangie, le meilleur.
– Somptuaire dépense. » J’en avais entendu parler, et j’avais aussi lu les notices d’emballage en traversant un de ces magasins détaxés d’aéroport, mais n’avais jamais eu le loisir ni l’argent de m’en procurer une bouteille.
« Avec une pointe d’eau, histoire de travailler sur son corps. »
Je ne me suis pas retrouvé dans un jardin italien entouré de mandariniers, de poiriers, de pommiers et de citronniers ni n’avais-je l’impression d’avoir ingurgité de la menthe sauvage voire des fleurs de géraniums, mais je reconnais que cette gorgée était savoureuse et subtile pour un ignare comme moi, que je ne la recrachai pas comme il m’était arrivé de le faire plus jeune, lorsqu’on je m’essayais au whisky à dix francs à même le goulot. Je laissai échapper un soupir en reposant l’offrande exceptionnelle de Sven.
« “Un dernier pour la route”, quelle expression absurde !
– C’est pour cela que je ne l’ai pas utilisée...
– Premièrement, ce n’est pas le dernier, deuxièmement parler de la vie humaine en terme de route serait en tailler un grossier portrait.
– Peut-être aussi parlait-on simplement de route. »
Et c’est ainsi que dans un premier temps je me désintéressai de la couleur de l’herbe en dessous du balcon de Sven pour m’intéressait à la couleur de son whisky.