Simultan

Une tasse de thé sur la place fédérale / Eine Tasse Tee auf dem Bundesplatz

Aus Simultan

Place fédérale, Berne / Bundesplatz, Bern 21.10.2011


Walter Winkler. Très tôt le matin.

De loin, je sais ceux qui viendront ou pas à notre stand. Certaines personnes, je ne tente même pas de les convaincre, c'est peine perdue. Ils savent déjà qui élire, ils ont bien raison de ne pas changer d'avis, la première intuition est toujours la bonne.
Cette petite dame, qui s'approche et à qui je propose un thé, est décidée à voter pour moi. "Je voterai pour vous Monsieur Winkler. "Je voterai pour vous, ça je vous le dit. Parce qu'avec vous la Suisse etc." Et elle me sort les compliments habituels, les craintes habituelles, qui sont toutes les même chez les gens de cette âge et de cette classe sociale: "J'en vois des fois à la gare, je peux vous dire Monsieur Winkler que c'est pas triste. Ils boivent, ils hurlent, ils nous font peur, on n'est plus en sécurité. Alors on doit parfois changer nos habitudes. Avant, j'allais tous les jeudis chez mon amie Lisbeth à Lyss. Mais maintenant, j'ose plus tant prendre le train, tellement y a de délinquance dans ces gares. Alors je vais voter pour vous parce que je sais que ça va changer. J'espère bien que vous serez élu au Conseil des Etats. On pensera bien à vous avec mon mari dimanche. Et puis, surtout en décembre. Vous vous présentez aussi au Conseil fédéral, c'est ça?"
Je lui réponds aimablement que oui, je me présente pour le Conseil des Etats mais que le Conseil fédéral, c'est encore trop tôt pour savoir. Je la remercie de sa gentillesse. J'espère que bientôt elle se sentira à nouveau en sécurité, qu'elle pourra retourner à Lyss comme elle l'avait toujours fait.
Beaucoup de monde sur cette place. On rigole avec les gens. Ils sont très heureux qu'on leur offre du thé, de la soupe et des biscuits. Ils sont en admiration quand je leur parle. J'aurais envie de leur dire que je suis comme eux, comme tout le monde.
Dimanche 23.10.2011, je serai sans doute élu. J’espère. Ça serait bien pour la Suisse, ça serait bien pour moi.

Walter Winkler. Am frühen Morgen.

Man erkennt schon von Weitem, wer zu uns kommen wird und wer nicht. Die Sozialisten - den meisten sieht man das ja von weitem an - machen meist einen grossen Bogen um uns. Und sie haben nicht unrecht. Die erste Intuition ist meist die richtige und ihre Wahl ist sicherlich bereits gemacht.
Die kleine francophone Dame, die da kommt - ich offeriere ihr einen Tee - ist bereits überzeugt von mir:

-Je voterai pour vous, ça je vous le dit. Parce qu'avec vous la Suisse...

Sie packt all die üblichen Komplimente aus, die gewöhnlichen Ängste; ganz so, wie es alle in ihrem Alter, von ihrer Schicht tun:

-Ich sehe sie manchmal am Bahnhof, die Männer. Meist Ausländer, wissen sie Herr Winkler, meist... des nègres. Ich sage es Ihnen: Sie trinken, sie schreien rum. Das macht einer alten Dame, wie mir, Angst - man kann sich nirgends mehr sicher fühlen! Ich gehe jetzt nicht mehr zu meiner Freundin Lisbeth nach Lyss. Ich wage mich nicht mehr an den Bahnhof! Ich werde Sie wählen - Herr Winkler - und dann wird das endlich wieder anders. Ich glaube wirklich an Sie - ein echten Schweizer, der auch noch Respekt vor den anderen hat. Nicht nur an sich denkt! Ich drücke Ihnen beide Daumen am Sonntag. Und auch im Dezember! Sie werden Bundesratskandidat, oder?

Dafür sei es noch ein bisschen zu früh, entgegne ich freundlich. Zuerst jetzt der Ständerat. Und dann schauen wir weiter!
-Vielen Dank für Ihr Engagement für die Schweiz. Und ich hoffe ganz fest, dass sie schon bald wieder zu ihrer lieben Freundin, zu Lisbeth nach Lyss fahren können! So wie sie es immer konnten! Ich werde mein bestes tun. Auf Wiedersehen!

Viele, viele Leute hier. Ich scherze mit ihnen. Sie scheinen glücklich. Ich offeriere Tee, Suppe, Biscuits. Ich glaube sie freuen sich, dass ich mit ihnen spreche. Ich bin ja auch nur einer von Ihnen, einer wie sie.

Ich kann es spüren. Es wird klappen. Am 23.10 werde ich Ständerat. Ich freue mich - für mich, für die Schweiz.