Simultan

Scène de couple (2)

Aus Simultan

Extrait dactylographié tiré d'une courte séquence vidéo (cours de Thomas du 06.10.10) :

Elle s’était ennuyée tout l’après-midi. Elle se réjouissait de le retrouver. Elle songeait à lui proposer d’aller au cinéma, ou au théâtre… Elle avait entendu parler d’une pièce par une amie… Mais lorsqu’elle lui avait proposé, il avait répondu, aigri et agressif :
- Mais puisque je te dis je ne veux pas sortir ?
Il était rentré le visage morose, l’avait à peine saluée et s’était effondré comme une baleine sur le canapé, avant d’allumer son match de foot… Elle avait dû réagir :
- Ah, bien sûr ! Tu préfères, comme d’habitude, rester coincé devant ta télé !
Comme d’habitude, il n’avait aucun argument :
- Bon sang, j’ai encore bien le droit de me détendre, non !
Se détendre… Il passait sa vie à se détendre… Sortir avec les copains, voir des matchs de foot, profiter des bons moments avec les enfants… Et elle, dans tout ça, elle était la boniche ! Elle se rappelait du début, quand ils étaient encore fou amoureux, il lui promettait monts et merveilles, elle se disait qu’ils passeraient chaque seconde de leur vie ensemble, dans un bonheur complet… Illusion dérisoire.
- Mais on ne fait plus jamais rien ensemble ! déclara-t-elle alors, rageuse.
- Et l’autre jour, quand je t’ai invitée au restaurant ?
Facile à dire… Il l’avait fait pour deux raisons : se déculpabiliser de la laisser toujours tout seul, et parce qu’il n’avait jamais aimé ce qu’elle lui cuisinait, en étant trop lâche pour oser l’avouer. Pas glorieux.
- Bon, voilà : de temps en temps, on va au restaurant, où de toute façon tu ne parles pas parce que tu es trop fatigué, et le reste du temps…
- Pourquoi crois-tu que je suis fatigué comme ça ? Parce que je travaille, moi, madame !
Il l’avait interrompu, grossièrement en plus. Elle détestait qu’il l’interrompe, elle avait déjà l’impression de n’avoir aucune importance, et il ne faisait que renforcer ce sentiment à chaque fois. Elle s’écria :
- Ça c’est trop fort ! Et tu crois que je ne fais rien ? Les enfants s’élèvent tout seul ? Ton linge se repasse par magie ?
Sa réponse, comble de l’ironie machiste :
- Ah, mon dieu ! Les femmes, c’est jamais content !
- Espèce de vieux macho ! rétorqua-t-elle.
Il devint tout rouge. De toute évidence, il voyait bien qu’il n’avait plus rien à redire. Alors, il lâcha, avec un regard assassin :
- Parfois, je me demande vraiment pourquoi j’ai épousé une vieille pie comme toi !
Avant de sortir lâchement de l’appartement, l’abandonnant, encore une fois…