Simultan

Mise au point, 05.06.10

Aus Simultan

Version vom 10. Juni 2010, 21:52 Uhr von Laurencel (Diskussion | Beiträge)

Luna frappe doucement à la porte de sa chambre :


- Ael ?

- Oui...

- Je peux entrer ?

- Bien sûr...


Lorsque Luna pénètre dans la chambre, elle aperçoit Ael appuyée contre le cadre de la fenêtre, les bras croisés et le regard absent :


- Ça va ? Lui demande Luna en s'asseyant sur le lit.

- J'ai connu mieux, mais ça va, ne t'inquiète pas.

- Moi m'inquiéter ? Je sais bien que tu as une carapace à toutes épreuves. Ricane Luna, mal à l'aise.

- Arrête... Lâche Ael, légèrement agacée.

- Désolée.

- C'est rien...


Elles restent silencieuses un moment, puis Luna prend son courage à deux mains et décide de percer l'abscet :


- Raconte-moi alors...

- J'ai pas envie d'en parler ce soir.

- Tu vas en parler quand même, ça te fera du bien !

- Luna, s'il te plaît...

- Non, pas de luna s'il te plaît, tu es triste, prête à exploser, je veux que tu me parles et maintenant !


Luna semble s'énerver pour la première fois depuis qu'elles se connaissent, et Ael la considère d'un air étonné :


- Pourquoi tu t'énerves ?

- Parce que je déteste te voir comme ça, j'ai pas l'habitude et ça me rend nerveuse, alors maintenant je veux qu'on en parle et que tu ailles vite mieux, débite luna à toute vitesse.


Un léger sourire vient se dessiner sur les lèvres d'Ael et elle s'assoit sur le lit à côté de Luna :


- Il n'y a pas grand-chose à dire en fait. Comme je te l'avais écrit j'ai téléphonné à ma mère et je lui ai demandé cash si oui ou non elle avait trompé papa. Elle n'a fait que bredouiller et j'ai bien compris. J'ai raccroché, et c'est tout.

- C'est tout ?

- Oui... enfin je l'ai rappelé pour dire que je partais vivre chez toi en attendant, j'ai raccroché et j'ai rappelé pour lui dire que c'était dégueulasse. Et là je t'ai appelée.

- Ok... Comment tu te sens ?

- J'ai presque envie de crever... répond Ael mi-sérieuse, mi-ironique.

- Arrête, rigole pas avec ça. Luna fait le signe de croix.

- Toi arrête avec ton signe de croix ! Si ton bon Dieu existait, il permettrait pas des choses pareilles, s'énerve Ael.


Toutes deux froissées, elles se taisent un moment. Puis Luna demande :


- Et pour ton père, tu vas faire quoi ?

- J'sais pas... il part dans deux jours.

- Tu vas le revoir avant quand même ?

- J'sais pas... je pense.

- Il faut que tu le revois !

- ... Tu deviens franchement autoritaire, tu t'en rends compte ?

- On s'en fiche, appelle ton père !

- Je sais pas si j'ai envie...

- Mais pourquoi ? Franchement je te comprends pas. ça fait huit ans que tu le détestes pour rien, et que ça te fait crever de mal et maintenant que tu sais que tout ça est faux tu ne te précipites pas vers lui ? Tu attends quoi ?

- ...Il m'a menti pendant huit ans aussi...Et s'il a été capable d'accepter que je le renie pendant huit ans pour de fausses raisons, s'il a été capable de porter le chapeau tout ce temps, c'est que finalement je compte pas tant que ça pour lui !

- Ael ? T'es vraiment conne ou tu le fais exprès ?

- Wahou merci, toi au moins tu sais remonter le moral !

- J'sais peut-être pas remonter le moral, mais je vais te remonter les bretelles parce qu'apparemment y'a personne sur terre qui t'as envoyé tes quatres vérités en face depuis un moment !

- Luna, calme-toi !

- Non je ne me calme pas. Ael, depuis huit ans je te vois souffrir à cause de cette histoire, de ton papa-héros qui se transforme en papa-zéro. Tu fais tout ton possible pour le repousser et le blesser alors que tu l'adores et que ça se voit sur toi ! Ton père t'as jamais cessé de l'aimer, t'as seulement été solidaire avec ta maman, même si tu comprenais pas grand-chose, tu lui en as voulu de t'avoir remplacée, tu lui en as voulu d'avoir fait souffrir ta maman... Ta pauvre maman qui n'y étais pour rien et qu'il fallait protéger, ta pauvre maman qui a déprimé alors que c'est elle qui a tout déclanché !

- Luna... parle pas de ma maman...

- Oh que si je vais t'en parler ! Tu en étais proche comme jamais, les deux abandonnées qui se soutiennent mutuellement, c'est bien beau, c'est vrai. Et quand t'apprends ce qu'elle a fait, tu lui en veux à mort, mais tu réhabilites pas ton père... Je peux savoir pourquoi ?

- Laisse-moi du temps, j'suis complètement secouée tu remarques pas ? Ael commence à hoqueter, ce qui fait redoubler la rage de Luna :

- Mais du temps t'en as pas Ael ! Ton père il se barre dans 2 jours. Et après tu le reverras sûrement pas avant la Saint-Glinglin ! Alors grouille ! Pis une connerie pareille... me sortir que s'il t'a menti c'est parce qu'il t'aime pas assez... j'crois que j'ai jamais rien entendu d'aussi débile ! Tu te rends compte que ton père il a accepté d'être le bâtard de service, le salaud qui a abandonné femme et enfants pour s'envoyer une autre, juste pour te protéger ? Tu t'en rends compte ? Tu imagines ce que ça a du être pendant huit ans de se faire détester comme jamais par sa fille alors qu'on est innocent ? Crois-moi...s'il a surmonté tout ça c'est bien parce qu'il t'aime, et qu'il t'aime plus que tout... Alors maintenant t'arrêtes de détester ta mère et tu vas surtout apprendre à aimer ton père, parce que je crois qu'il l'a bien mérité, lui !


Luna s'assied épuisée sur le lit. La colère la fatigue, c'est pour cette raison qu'elle ne s'énerve jamais. Ael ne la regarde pas, ses yeux sont complètement brouillés, et ses lèvres tremblent :


- Ah oui... pis t'as le droit de chialer de temps en temps aussi, je t'en voudrais pas.


Ael s'approche de Luna, pose sa tête sur son épaule et Luna l'entoure délicatement de ses bras. Elle sent le corps d'Ael se raidir, trembloter avant d’entendre un léger sanglot s’échapper de sa bouche. Elle la sert alors un peu plus fort et Ael se laisse enfin pleurer. Elle pleure comme jamais Luna n’a entendu quelqu’un pleurer. Elle lui caresse les cheveux, la serre fort contre elle et lui chuchote :

- ça va aller ma belle, ça va aller...