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Gaeste in Zhytomyr / Fête à Zhytomyr: Unterschied zwischen den Versionen

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Yevor reibt sich mit dem Zeigefinger den Schlaf aus den Augen.<br>– Mat, woher weißt du das?<br>– Hat mir einer erzählt.<br>– Wer?<br>Mat beginnt zu pfeifen. Eine schweizerische Unart, in der Ukriane verpönt. Sie tut es für mich – als Gebot zu schweigen. Ich habe schon früh angefangen, Mat in Schwierigkeiten zu bringen, weil ich Dinge weitererzählte, die ich nicht hätte sagen sollen. Später habe ich das zum Beruf gemacht. Und jetzt, jetzt droht das weiterzugehen. Mat wird nichts mehr sagen. Borja ebensowenig. Ich muss in diesen Zug. Fakten recherchieren kann ich später, in der Schweiz. Der KGB versaut mir sonst die Story, wenn die mitbekommen, worüber ich schreibe.  
 
Yevor reibt sich mit dem Zeigefinger den Schlaf aus den Augen.<br>– Mat, woher weißt du das?<br>– Hat mir einer erzählt.<br>– Wer?<br>Mat beginnt zu pfeifen. Eine schweizerische Unart, in der Ukriane verpönt. Sie tut es für mich – als Gebot zu schweigen. Ich habe schon früh angefangen, Mat in Schwierigkeiten zu bringen, weil ich Dinge weitererzählte, die ich nicht hätte sagen sollen. Später habe ich das zum Beruf gemacht. Und jetzt, jetzt droht das weiterzugehen. Mat wird nichts mehr sagen. Borja ebensowenig. Ich muss in diesen Zug. Fakten recherchieren kann ich später, in der Schweiz. Der KGB versaut mir sonst die Story, wenn die mitbekommen, worüber ich schreibe.  
  
– Mat, wann fahren eigentlich die [[Volodymyr liebt Spätdienst / L'admirant de l'épique du soir|Züge nach Polen]]?<br>– Keine Ahnung. Was willst du da?<br>– Ach, ich bin in der Ukraine einfach noch nie Zug gefahren, ist bestimmt ein Erlebnis …  
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– Mat, wann fahren eigentlich die [[Volodymyr_liebt_Spätdienst_/_L'admirant_de_l'équipe_du_soir|Züge nach Polen]]?<br>– Keine Ahnung. Was willst du da?<br>– Ach, ich bin in der Ukraine einfach noch nie Zug gefahren, ist bestimmt ein Erlebnis …  
  
 
Mat weiß, dass es zu spät ist. Ich werde meine Story finden. Irgendeiner ihrer Bekannten wird meinen Artikel lesen. Ihr schicken. Die ganze Familie, die ganze Stadt wird darüber reden. Warum macht er das? Er, aus seinem scheißreichen Westen, kommt hierher und macht uns das bisschen kaputt, wovon wir noch leben. Was hast du nur mit deinem Jungen gemacht, werden sie Mat fragen.  
 
Mat weiß, dass es zu spät ist. Ich werde meine Story finden. Irgendeiner ihrer Bekannten wird meinen Artikel lesen. Ihr schicken. Die ganze Familie, die ganze Stadt wird darüber reden. Warum macht er das? Er, aus seinem scheißreichen Westen, kommt hierher und macht uns das bisschen kaputt, wovon wir noch leben. Was hast du nur mit deinem Jungen gemacht, werden sie Mat fragen.  
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Je déteste le Nescafé, mais j’adore les repas de Mat. Elle a invité des amis. Son fils est là, c’est la fête. La table est déjà mise, j’ai apporté du chocolat suisse (le moins cher, mais personne ne le remarquera), des souvenirs kitsch, n’importe quoi. Alors nous nous asseyons tous ensemble. Iva, Vladimir, Dimitri, Borja avec une vodka à la main. Il y a du bruit, tout le monde veut me raconter quelque chose. Je peux peut-être raconter l’histoire de Borja, un jeune chômeur que les parents soutiennent et qui va parfois bosser dans les trains. Je demande ce que ça signifie «&nbsp;aller bosser dans les trains&nbsp;» et il me répond&nbsp;: «&nbsp;Tu sais très bien&nbsp;», puis il se tait. Quelqu’un lève son verre&nbsp;: «&nbsp;Buvons à la santé de l’Ukraine, notre champ d’or, notre grenier&nbsp;! Buvons à la santé de nos jeunes qui mènent notre pays vers un avenir certain&nbsp;! Aimons notre pays, aimons notre peuple resplendissant&nbsp;! Je verse la vodka. Avec ma main qui est sous la table, je prends quelques notes. J’écris mal à cause de tout cet alcool.  
 
Je déteste le Nescafé, mais j’adore les repas de Mat. Elle a invité des amis. Son fils est là, c’est la fête. La table est déjà mise, j’ai apporté du chocolat suisse (le moins cher, mais personne ne le remarquera), des souvenirs kitsch, n’importe quoi. Alors nous nous asseyons tous ensemble. Iva, Vladimir, Dimitri, Borja avec une vodka à la main. Il y a du bruit, tout le monde veut me raconter quelque chose. Je peux peut-être raconter l’histoire de Borja, un jeune chômeur que les parents soutiennent et qui va parfois bosser dans les trains. Je demande ce que ça signifie «&nbsp;aller bosser dans les trains&nbsp;» et il me répond&nbsp;: «&nbsp;Tu sais très bien&nbsp;», puis il se tait. Quelqu’un lève son verre&nbsp;: «&nbsp;Buvons à la santé de l’Ukraine, notre champ d’or, notre grenier&nbsp;! Buvons à la santé de nos jeunes qui mènent notre pays vers un avenir certain&nbsp;! Aimons notre pays, aimons notre peuple resplendissant&nbsp;! Je verse la vodka. Avec ma main qui est sous la table, je prends quelques notes. J’écris mal à cause de tout cet alcool.  
  
<br>Le lendemain, Mat cuit des œufs. Je vois sur la table du café en poudre. Dans le frigo, il y a des restes d’hier soir. J’ai mal à la tête. La lumière du jour m’arrive dans les yeux par une fente étroite.<br>- Dis donc, Mat, à quoi il pensait, Borja, quand il parlait «&nbsp;d’aller bosser dans les trains&nbsp;»&nbsp;?<br>- Yegor, de quoi penses-tu que les gens vivent, ici&nbsp;? De l’agriculture&nbsp;? tu as vu les prix au marché&nbsp;? De la construction mécanique ou bien de la couture des habits&nbsp;? De 800 hryvnia&nbsp;?<br>- Borja fait ce que tous les jeunes qui n’ont pas réussi à quitter Zythomyr font. Il amène des clopes en Pologne. Marlboro chez nous&nbsp;: 66 centimes, en Pologne&nbsp;: 1,71 Euro. Si t’es bon, tu peux te faire 4'000 ou 5'000 hryvnia par mois.<br>De l’index, je me frotte les yeux pour tenter de sortir de mon sommeil.<br>- Mat, d’où sais-tu cela&nbsp;?<br>- On me l’a raconté.<br>- Qui&nbsp;?<br>Mat se met à siffler. Une mauvaise habitude suisse, mal vue en Ukraine. Elle le fait pour moi, pour me donner l’ordre de me taire. J’ai commencé il y a longtemps à mettre Mat en difficulté quand je répétais des choses que je ne devais pas dire. Plus tard, j’en ai fait ma profession. Et maintenant, cela semble continuer. Mat ne dirait plus rien. Borja non plus. Je dois aller dans ce train.<br>- Mat, quand partent les [[Volodymyr liebt Spätdienst / L'admirant de l'épique du soir|trains pour la Pologne]]&nbsp;?<br>- J’en sais rien, qu’est-ce que tu veux faire&nbsp;?<br>- Ah, eh bien, je n’ai encore jamais pris le train en Ukraine, ça pourrait être une expérience…<br>Mat sait qu’il est trop tard. Je trouverai mon histoire. Toute ma famille lira cet article. Pourquoi il a fait ça, c’est bien les Occidentaux ça… Dénoncer la seule manière pour nous de nous faire de l’argent. Ils demanderont à Mat ce qu’elle a fait pour que son fils finisse comme ça.<br>Ça me fait de la peine, mais je suis journaliste après tout.  
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<br>Le lendemain, Mat cuit des œufs. Je vois sur la table du café en poudre. Dans le frigo, il y a des restes d’hier soir. J’ai mal à la tête. La lumière du jour m’arrive dans les yeux par une fente étroite.<br>- Dis donc, Mat, à quoi il pensait, Borja, quand il parlait «&nbsp;d’aller bosser dans les trains&nbsp;»&nbsp;?<br>- Yegor, de quoi penses-tu que les gens vivent, ici&nbsp;? De l’agriculture&nbsp;? tu as vu les prix au marché&nbsp;? De la construction mécanique ou bien de la couture des habits&nbsp;? De 800 hryvnia&nbsp;?<br>- Borja fait ce que tous les jeunes qui n’ont pas réussi à quitter Zythomyr font. Il amène des clopes en Pologne. Marlboro chez nous&nbsp;: 66 centimes, en Pologne&nbsp;: 1,71 Euro. Si t’es bon, tu peux te faire 4'000 ou 5'000 hryvnia par mois.<br>De l’index, je me frotte les yeux pour tenter de sortir de mon sommeil.<br>- Mat, d’où sais-tu cela&nbsp;?<br>- On me l’a raconté.<br>- Qui&nbsp;?<br>Mat se met à siffler. Une mauvaise habitude suisse, mal vue en Ukraine. Elle le fait pour moi, pour me donner l’ordre de me taire. J’ai commencé il y a longtemps à mettre Mat en difficulté quand je répétais des choses que je ne devais pas dire. Plus tard, j’en ai fait ma profession. Et maintenant, cela semble continuer. Mat ne dirait plus rien. Borja non plus. Je dois aller dans ce train.<br>- Mat, quand partent les [[Volodymyr_liebt_Spätdienst_/_L'admirant_de_l'équipe_du_soir|trains pour la Pologne]]&nbsp;?<br>- J’en sais rien, qu’est-ce que tu veux faire&nbsp;?<br>- Ah, eh bien, je n’ai encore jamais pris le train en Ukraine, ça pourrait être une expérience…<br>Mat sait qu’il est trop tard. Je trouverai mon histoire. Toute ma famille lira cet article. Pourquoi il a fait ça, c’est bien les Occidentaux ça… Dénoncer la seule manière pour nous de nous faire de l’argent. Ils demanderont à Mat ce qu’elle a fait pour que son fils finisse comme ça.<br>Ça me fait de la peine, mais je suis journaliste après tout.  
  
 
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Aktuelle Version vom 20. Januar 2012, 14:45 Uhr

-> Ordner: Schengen-Aussengrenze



Bei Mutter zu Hause, Zhytomyr - A la maison de la mère, Zhytomyr


Ich hasse Nescafé, aber ich liebe Mats Essen. Sie hat Freunde eingeladen, ihr Sohn ist da, ein Fest. Der Tisch ist reich gedeckt, ich habe Schweizer Schokolade mitgebracht (die billigste, das merken die eh nicht!), Souvenirkitsch, irgendetwas. Es kommt nur drauf an, zu schenken, egal was. Also sitzen wir zusammen, die ganzen Ivas, Vladimirs, Dimitis, Borjas mit dem Vodka in der Hand, ihre Frauen, alle sind sie laut, alle wollen sie mir irgendetwas erzählen – und all ihre Geschichten klopfe ich aufs Erzählbare ab. Vielleicht erzähle ich ja Borjas Geschichte, die eines jungen Arbeitslosen, dessen Eltern ihn aushalten (wovon eigentlich?), und der manchmal an die Züge schaffen geht. Als ich frage, was das bedeutet: An die Zügen schaffen gehen, antwortet er: Du weißt schon, dann schweigt er. Jemand hebt das Glas: Trinken wir auf die Ukraine, ihre goldenen Felder, die Kornkammer unser. Trinken wir auf unsere Jugend, die unser Land in eine glückliche Zukunft führen wird. Möge dieses Land, möge unser Volk erstrahlen! Ich kippe den Vodka. Meine Hand unter dem Tisch schreibt hässliche Buchstaben, die Fehler häufen sich mit jedem Glas.


Am nächsten Morgen brät Mat Eier, ich sehe das Kaffeepulver auf dem Tisch, im Kühlschrank stehen die Reste von gestern. Mein Kopf schmerzt, ich lasse das Tageslicht durch einen schmalen Spalt an meine Augen. Immer noch zu viel.
– Sag mal, Mat, was meinte der Borja, mit »an den Zügen schaffen«?
– Yegor, was meinst du, wovon die Leute hier leben? Von Landwirtschaft? Hast du die Preise auf dem Markt gesehen? Ich meine: Hast du sie begriffen? Denkst du sie leben vom Maschinenbau oder vom Kleider zusammennähen? Von 800 Hrywnja? Borja macht, was alle jungen Menschen in Zhytomyr machen, die es nicht geschafft haben, das Land zu verlassen. Er bringt Sigareta nach Polen. Malboro bei uns: 66 Cent, in Polen: 1,71 Euro. Wenn du gut bist, kommst du auf 4'000, wenns gut läuft bis zu 5'000 Hrywnja im Monat.

Yevor reibt sich mit dem Zeigefinger den Schlaf aus den Augen.
– Mat, woher weißt du das?
– Hat mir einer erzählt.
– Wer?
Mat beginnt zu pfeifen. Eine schweizerische Unart, in der Ukriane verpönt. Sie tut es für mich – als Gebot zu schweigen. Ich habe schon früh angefangen, Mat in Schwierigkeiten zu bringen, weil ich Dinge weitererzählte, die ich nicht hätte sagen sollen. Später habe ich das zum Beruf gemacht. Und jetzt, jetzt droht das weiterzugehen. Mat wird nichts mehr sagen. Borja ebensowenig. Ich muss in diesen Zug. Fakten recherchieren kann ich später, in der Schweiz. Der KGB versaut mir sonst die Story, wenn die mitbekommen, worüber ich schreibe.

– Mat, wann fahren eigentlich die Züge nach Polen?
– Keine Ahnung. Was willst du da?
– Ach, ich bin in der Ukraine einfach noch nie Zug gefahren, ist bestimmt ein Erlebnis …

Mat weiß, dass es zu spät ist. Ich werde meine Story finden. Irgendeiner ihrer Bekannten wird meinen Artikel lesen. Ihr schicken. Die ganze Familie, die ganze Stadt wird darüber reden. Warum macht er das? Er, aus seinem scheißreichen Westen, kommt hierher und macht uns das bisschen kaputt, wovon wir noch leben. Was hast du nur mit deinem Jungen gemacht, werden sie Mat fragen.

Das tut mir Leid. Aber ich bin Journalist.

Je déteste le Nescafé, mais j’adore les repas de Mat. Elle a invité des amis. Son fils est là, c’est la fête. La table est déjà mise, j’ai apporté du chocolat suisse (le moins cher, mais personne ne le remarquera), des souvenirs kitsch, n’importe quoi. Alors nous nous asseyons tous ensemble. Iva, Vladimir, Dimitri, Borja avec une vodka à la main. Il y a du bruit, tout le monde veut me raconter quelque chose. Je peux peut-être raconter l’histoire de Borja, un jeune chômeur que les parents soutiennent et qui va parfois bosser dans les trains. Je demande ce que ça signifie « aller bosser dans les trains » et il me répond : « Tu sais très bien », puis il se tait. Quelqu’un lève son verre : « Buvons à la santé de l’Ukraine, notre champ d’or, notre grenier ! Buvons à la santé de nos jeunes qui mènent notre pays vers un avenir certain ! Aimons notre pays, aimons notre peuple resplendissant ! Je verse la vodka. Avec ma main qui est sous la table, je prends quelques notes. J’écris mal à cause de tout cet alcool.


Le lendemain, Mat cuit des œufs. Je vois sur la table du café en poudre. Dans le frigo, il y a des restes d’hier soir. J’ai mal à la tête. La lumière du jour m’arrive dans les yeux par une fente étroite.
- Dis donc, Mat, à quoi il pensait, Borja, quand il parlait « d’aller bosser dans les trains » ?
- Yegor, de quoi penses-tu que les gens vivent, ici ? De l’agriculture ? tu as vu les prix au marché ? De la construction mécanique ou bien de la couture des habits ? De 800 hryvnia ?
- Borja fait ce que tous les jeunes qui n’ont pas réussi à quitter Zythomyr font. Il amène des clopes en Pologne. Marlboro chez nous : 66 centimes, en Pologne : 1,71 Euro. Si t’es bon, tu peux te faire 4'000 ou 5'000 hryvnia par mois.
De l’index, je me frotte les yeux pour tenter de sortir de mon sommeil.
- Mat, d’où sais-tu cela ?
- On me l’a raconté.
- Qui ?
Mat se met à siffler. Une mauvaise habitude suisse, mal vue en Ukraine. Elle le fait pour moi, pour me donner l’ordre de me taire. J’ai commencé il y a longtemps à mettre Mat en difficulté quand je répétais des choses que je ne devais pas dire. Plus tard, j’en ai fait ma profession. Et maintenant, cela semble continuer. Mat ne dirait plus rien. Borja non plus. Je dois aller dans ce train.
- Mat, quand partent les trains pour la Pologne ?
- J’en sais rien, qu’est-ce que tu veux faire ?
- Ah, eh bien, je n’ai encore jamais pris le train en Ukraine, ça pourrait être une expérience…
Mat sait qu’il est trop tard. Je trouverai mon histoire. Toute ma famille lira cet article. Pourquoi il a fait ça, c’est bien les Occidentaux ça… Dénoncer la seule manière pour nous de nous faire de l’argent. Ils demanderont à Mat ce qu’elle a fait pour que son fils finisse comme ça.
Ça me fait de la peine, mais je suis journaliste après tout.