Simultan

À la recherche de Bobby, 19.03.10

Aus Simultan

Lorsque Luna arrive devant la porte de la maison d’Ael, celle-ci s’ouvre bruyamment et Ael apparaît, les cheveux tout emmêlés et les joues rouges, complètement excitée. « Entre » dit-elle, et elle referme la porte violemment derrière elles.
- Je vais devenir folle. Ça fait deux heures que je le cherche partout, et je ne trouve absolument rien ! Rien de rien, il s’est volatilisé, envolé, disparu.

Et elle se laisse tomber, totalement dépitée, sur un coin du canapé. Luna, que la tornade blonde n’effraie plus depuis longtemps, vient s’asseoir à côté d’elle.
- Bon… où est-ce que tu n’as pas encore cherché ?
- Nulle part je te dis, j’ai regardé dans les moindres recoins, il n’est nulle part, gémit-elle.
- Arrête il est forcément quelque part…
- Non pas forcément… Si ma mère l’a récupéré je peux le chercher encore longtemps.
- …Ta mère ne l’a pas récupéré, arrête avec cette histoire !


Luna marque un temps, regarde autour d’elle : coussins jetés en travers de la pièce, papiers disséminés dans tous les recoins, tiroirs ouverts… On pouvait dire qu’elle y avait mis du sien :


- Tu as fouillé dans sa chambre ?
- A ma mère ? Oui bien sûr… Mais il n’y est pas.
- Le Garage ?
- Oui.
- Le grenier ?
- Oui.
- La cave ?
- Oui.
- … Le frigo ?
- Le frigo ? Tout va bien chez toi ?


Luna hausse les épaules et continue à sonder la pièce du regard :


- Ma mère avait perdu sa bague de fiançailles un jour… on l’a retrouvé entre deux laitues. Je dis ça pour t’aider.


Ael la considère curieusement mais se lève à contrecœur pour inspecter le frigo. Il n’y a rien :


- Et dehors ?
- Dehors ?
- Oui, ben si tu as pu envisager qu’il soit dans le réfrigérateur, tu peux envisager qu’il soit allé faire un tour dehors non ?
- Arrête avec tes histoires… Bobby c’est pas l’Esprit-Saint !
- Tout ce que je dis c’est qu’on a intérêt à tout fouiller, même les endroits les plus insolites, si effectivement tu as déjà regardé partout. Je vais faire un tour dehors.
Et Luna fait le tour de la maison sans oublier un seul recoin : du parterre de fleur aux buissons épineux, près de la mare, vers les poubelles, mais rien. Toujours rien. Lorsqu’elle arrive à l’intérieur, Ael fouille rageusement dans sa chambre :


- Il doit être ici, je suis sûre qu’il est ici… Mais c’est pas vrai, c’est pas vrai…


Luna l’attrape par les épaules et la secoue un bon coup :


- Avant toute chose, toi tu vas te calmer !
- Et si on le retrouve pas… ? Ael appuie sa tête contre Luna, qui la prend dans ses bras.
- On le retrouvera, ne t’inquiète pas. Je vais chercher un moment, peut-être qu’avec une autre paire d’yeux on sera plus chanceuses. En attendant va ranger le salon.


Et Luna cherche, soulève le matelas inspecte l’armoire, vide le bureau et la poubelle, regarde derrière les rideaux puis passe au salon, recommence son remue-ménage et va à la cave, passe au grenier pousse jusqu’au garage, à la salle de bain la chambre d’amis la chambre de la mère, et revient bredouille. Elle passe plus d’une heure à mettre la maison sens dessus-dessous et ne trouve rien, pas même un bout de jambe qui indiquerait qu’il a été enlevé par des terroristes exigeant une rançon. Rien de rien.
Ael désespère. Toutes deux restent assises épuisées sur le canapé, Ael sanglote presque, Luna l’entoure d’un bras. Ael se frotte les yeux et se détourne :


- Je suis débile, excuse-moi.
- Tu n’es pas débile, tu y tiens c’est tout. C’est normal.


Et elles restent silencieuses.


Une clef tourne dans la porte et la maman d’Ael apparaît :


- Bonjour les filles, comm… Bon sang qu’est-ce qu’il s’est passé ici ?
- J’ai perdu…quelque chose, bredouille Ael.
- Et on l’a cherché partout, renchérit Luna.
- …Et vous l’avez trouvé j’espère ? Demande-t-elle en se débarrassant de son manteau.
- Non…il n’y a absolument rien et on a fouillé partout.
- Vous cherchiez quoi ?
- …Un ours en peluche que papa m’avait offert... je ne sais pas si tu vois duquel je parle ?


La mère d’Ael rougit un peu et se détourne :


- Non non je ne vois pas.