Simultan
Ouessant, le 16 avril 2010
Aus Simultan
Ouessant, le 16 avril 2010
Ma chérie,
Je n’ai plus aucune nouvelle de ta part et j’en suis fort attristé. Je ne sais si c’est l’influence de ta mère où si c’est un choix conscient. Dans les deux cas j’aimerais que tu y remédies et que tu donnes bientôt signe de vie. Si je compte bien cela fait six mois que nous ne nous sommes plus revus, depuis cette fois mémorable où tu as tout simplement insulté la femme qui partage ma vie. Ma chérie je ne t’en veux pas, et Guën non plus. Nous comprenons très bien qu’il soit difficile pour toi de concevoir que je puisse vivre avec la femme que tu considères responsable de mon divorce d’avec ta maman. Mais Ael, cela fait presque huit ans, j’aimerais que l’on puisse passer à autre chose, j’aimerais retrouver la complicité qui nous liait autrefois et surtout j’aimerais pouvoir te dire toutes ces choses de vive voix, mais tu ne me laisses pas le choix. J’aurais aimé pouvoir penser que ton silence n’était pas voulu, que c’était peut-être juste un « oubli » de ta part, mais Hugo m’a définitivement convaincu du contraire. Tu m’en veux toujours. Je ne sais pas de qui tu tiens une rancune si tenace, ou plutôt au vue des événements de ces dernières années, si je le sais. Tu ressembles de plus en plus à ta mère tant physiquement que mentalement. Hugo m’a envoyé une photo récente de toi, tu es une vraie femme maintenant, et très belle de surcroît. J’aimerais pouvoir dire que tu tiens de moi, mais je crains de devoir rendre à ta mère ce qui est à ta mère : tu es son portrait craché.
Dans tous les cas, et pour dire les choses comme je les ressens, te voir grandir et embellir loin de moi m’attriste énormément. Il y a huit ans ma petite puce m’a été arrachée et a cessé de m’appeler papa, et a cessé de m’appeler tout court. Et depuis tout ce temps, ma princesse est devenue une adulte et je n’ai rien suivi de ce changement, et ceci parce qu’elle ne voulait pas que je sois à ses côtés. Je n’avais jamais imaginé que tu pourrais m’en vouloir encore après tout ce temps. J’avais pensé que le premier choc passé tu aurais compris que ce divorce était la meilleure chose qui me soit arrivé et à ta mère aussi, certainement. Car même si je n’avais pas rencontré Guën, nous aurions fini par nous séparer. Ta mère a sûrement déjà du t’en parler. Mais toutes ces choses ne se disent pas par écrit. Ma chérie permets-moi de revenir dans ton monde. Je ne veux plus continuer à vivre sans rien savoir de mon unique fille. Et même si tu ne veux plus rien savoir de moi, sache que je n’ai pas pour autant renoncé à être ton père. C’est aussi pour cette raison que je t’écris, et peu importe ce que tu en penses, je t’annonce que dans deux semaines je viens te rejoindre. J’ai pris congé et j’ai une semaine à te consacrer. Tu peux bien décider de partir en douce pour une semaine ou supplier ta mère de me garder éloigné de la maison, je lui ai déjà parlé et elle a décidé de m’appuyer ce coup-ci. Elle m’a déjà réservé l’hôtel et j’ai commandé mes billets de train. J’arriverais le samedi 31 mai à 8h30 à la gare et je repartirais le dimanche 9 juin à 10h24. Voici pour les précisions.
Ma princesse je t’en prie ne te braque pas, donne-moi une chance de me rattraper et donne-nous une chance de nous réconcilier. Même ta maman commence petit à petit à me pardonner. Du moins nos rapports sont moins houleux depuis quelques temps, me semble-t-il. Elle a l’air d’aller mieux, d’être heureuse. Elle a trouvé quelqu’un je crois ? Je le lui souhaite en tout cas, je n’ai jamais voulu lui faire de mal. Sincèrement.
Je suis encore sincèrement désolé pour tout ce gâchis et toute cette peine que je vous ai causée, à toi, Hugo et Héloïse. J’ai beau avoir une nouvelle femme et un petit garçon, vous êtes ma famille et cela ne changera jamais.
J’espère vraiment avoir des tes nouvelles. Sinon à dans deux semaines !
Je t’embrasse ma princesse
Ton père qui t’aime
Lorsqu’Ael entre dans sa chambre une lettre trône sur son lit. Un seul coup d’œil lui suffit pour déterminer sa provenance : Ouessant. Son père lui a écrit. Ça faisait bien quelques mois qu’il n’avait plus tenté l’expérience.
Elle hésite entre la déchirer tout de suite ou la lire pour ensuite la déchirer. Elle décide de la lire. Elle décachette brusquement l’enveloppe et manque déchirer le papier glacé au passage.
« Ma chérie ça commence bien…
Je n’ai plus aucune nouvelle de ta part et j’en suis fort attristé. Ouais… ben t’es bien le seul que ça attriste…Je ne sais si c’est l’influence de ta mère où si c’est un choix conscient. Papa… à dix huit ans je pense qu’on capable de faire ses propres choix.Dans les deux cas j’aimerais que tu y remédies et que tu donnes bientôt signe de vie. Compte dessus et bois de l’eau fraîche vieux… Si je compte bien cela fait six mois que nous ne nous sommes plus revus, depuis cette fois mémorable où tu as tout simplement insulté la femme qui partage ma vie. Ma chérie je ne t’en veux pas, et Guën non plus. Nous comprenons très bien mais vous êtes trop sympa de me comprendre, toi et ta pouffiasse qu’il soit difficile pour toi de concevoir que je puisse vivre avec la femme que tu considères responsable de mon divorce d’avec ta maman. Non papa… tu ne comprends rien. C’est toi le seul responsable de cette histoire, elle c’est juste la connasse qui a accepté coucher avec un homme marié. Mais Ael, cela fait presque huit ans, et alors ? j’aimerais que l’on puisse passer à autre chose, super ! si tu commençais par la larguer ? j’aimerais retrouver la complicité qui nous liait autrefois…ouais alors ça ne compte pas dessus et surtout j’aimerais pouvoir te dire toutes ces choses de vive voix, mais tu ne me laisses pas le choix. Et je vais continuer…ça me suffit déjà d’avoir une lettre de toi une fois l’an, j’vais pas encore me farcir ta voix toutes les semaines… J’aurais aimé pouvoir penser que ton silence n’était pas voulu, que c’était peut-être juste un « oubli » de ta part, mais Hugo m’a définitivement convaincu du contraire. Hugo ! Mais de quoi tu te mêles ? Tu m’en veux toujours. Wahou trop fort ! T’as trouvé ça tout seul ? Ah ben non je suis bête c’est Hugo qui t’a aidé…. Je ne sais pas de qui tu tiens une rancune si tenace, ou plutôt au vue des événements de ces dernières années, si je le sais. Fais gaffe à ce que tu vas dire…Tu ressembles de plus en plus à ta mère tant physiquement que mentalement. Si tu critiques maman, tu peux oublier de me revoir un jour ! Hugo m’a envoyé une photo récente de toi, Mais bordel Hugo ! tu es une vraie femme maintenant, ah…et j’étais quoi avant ? Un cheval ? et très belle de surcroît. Trop aimable… J’aimerais pouvoir dire que tu tiens de moi, ouais ben ne mens pas. mais je crains de devoir rendre à ta mère ce qui est à ta mère : tu es son portrait craché. Ouais… Dans tous les cas, et pour dire les choses comme je les ressens, te voir grandir et embellir loin de moi m’attriste énormément. Fallait y penser avant mon grand ! Il y a huit ans ma petite puce m’a été arrachée Erreur, c’est elle qui a décidé de se barrer ! et a cessé de m’appeler papa, et a cessé de m’appeler tout court. Je vais verser une larme je crois…Et depuis tout ce temps, ma princesse est devenue une adulte et je n’ai rien suivi de ce changement, oui et elle est devenue la princesse d’autres hommes…c’est con hein ? et ceci parce qu’elle ne voulait pas que je sois à ses côtés. Et tu l’avais bien cherché ! Je n’avais jamais imaginé que tu pourrais m’en vouloir encore après tout ce temps. Faut penser à tout quand on se conduit en salop, tu sais ! J’avais pensé que le premier choc passé tu aurais compris que ce divorce était la meilleure chose qui me soit arrivé Je m’en fous de ce qui peut être le mieux pour toi ! et à ta mère aussi, certainement. Oh cette blague ! la meilleure chose qui soit arrivée à maman après toi ce sont les antidépresseurs ! Faux-cul ! Car même si je n’avais pas rencontré Guën, nous aurions fini par nous séparer. Ta mère a sûrement déjà du t’en parler. Je n’avais jamais envisagé que sous « c’était l’homme de ma vie » se cachait une envie de rompre. Mais on en apprend tous les jours. Mais toutes ces choses ne se disent pas par écrit. Des conneries pareilles ne se disent pas à l’oral non plus ! Ma chérie permets-moi de revenir dans ton monde. Je ne veux plus continuer à vivre sans rien savoir de mon unique fille. Fais en une deuxième alors ! Et même si tu ne veux plus rien savoir de moi, sache que je n’ai pas pour autant renoncé à être ton père. Je t’en demande pas trop pourtant… C’est aussi pour cette raison que je t’écris, et peu importe ce que tu en penses, je t’annonce que dans deux semaines je viens te rejoindre. QUOI ? J’ai pris congé et j’ai une semaine à te consacrer. Alors là…oublie ! Tu peux bien décider de partir en douce pour une semaine ou supplier ta mère de me garder éloigné de la maison, je lui ai déjà parlé et elle a décidé de m’appuyer ce coup-ci. (?) Je m’en fous je trouverais autre chose ! Elle m’a déjà réservé l’hôtel et j’ai commandé mes billets de train. C’est quoi ce traquenard ? J’arriverais le samedi 31 mai à 8h30 à la gare et je repartirais le dimanche 9 juin à 10h24. Voici pour les précisions. Sympa de me préciser quand est-ce que je dois me prévoir une semaine de vacances !
Ma princesse je t’en prie ne te braque pas, donne-moi une chance de me rattraper et donne-nous une chance de nous réconcilier. Tu fais dans le mélo maintenant ? Même ta maman commence petit à petit à me pardonner. Pas elle, les anxiolytiques ! Du moins nos rapports sont moins houleux depuis quelques temps, me semble-t-il. Il te semble faux… Elle a l’air d’aller mieux, d’être heureuse. Elle a trouvé quelqu’un je crois ? En quoi ça te regarde ? Je le lui souhaite en tout cas, je n’ai jamais voulu lui faire de mal. Sincèrement. Ben c’est raté…
Je suis encore sincèrement désolé pour tout ce gâchis et toute cette peine que je vous ai causée, à toi, Hugo et Héloïse. J’ai beau avoir une nouvelle femme et un petit garçon, vous êtes ma famille et cela ne changera jamais. Bla bla bla…
J’espère vraiment avoir des tes nouvelles. Sinon à dans deux semaines ! Ouais c’est ça… à dans deux semaines… Je me réjouis déjà…
Je t’embrasse ma princesse (…)
Ton père qui t’aime » Pauvre con !
Après avoir grommelé un « pauvre con » Ael déchire la lettre en quelques centaines de petits débris brillants et laisse le tout siéger sur le parquet de sa chambre, avant de sortir en claquant la porte.