Simultan

Keiko

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Version vom 12. Dezember 2008, 10:14 Uhr von Urs (Diskussion | Beiträge)

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Benoît venait juste de terminer sa lettre. Dans un premier temps, il avait pensé écrire un mail: plus facile, plus rapide, gratuit. Mais ça n'aurait pas eu le même impact.
«Ça fait plus romantique une lettre, n'est-ce pas Carmelo
«Se lo dici tu...», commenta le chat.

La lettre était adressée à Keiko, sa copine japonaise, qu'il avait rencontré lors d'un voyage en Australie, où il avait débarqué pour apprendre l'anglais quelques années auparavant. C'était son premier voyage. Et peut-être son dernier si loin de la Suisse. En effet, dès le premier jour parmi les kangourous, les koalas et les wombats, il avait eu envie de rentrer chez lui.
Cependant, peu après son arrivée, il avait rencontré Keiko. Ils étaient tombés follement amoureux l'un de l'autre. Mais elle était repartie deux semaines après. Ils ne s'étaient plus jamais revus.
Depuis lors, c'était un peu son rêve à lui, de partir pour le Japon, pour vivre toute sa vie avec sa bien aimée Keiko. Bien qu'en même temps, il n'avait aucune envie de repartir et abandonner pour toujours sa Suisse natale. Drôle de situation.
D'où cette lettre, en tout cas. Et d'autres qui l'avaient précédée, pour garder le contact avec elle, en attendant de trouver l'envie, la force et le courage de monter dans un avion pour Tōkyō.

«Écoute Carmelo! Je lui ai même écrit un poème cette fois-ci. Je l'ai nommé "Imagine", comme la chanson de John Lennon. Tu t'en souviens?»
«Sì, e spero che tu non l'abbia rovinata...»
«Tu sais, j'espère qu'il est aussi beau que cette chanson, mon petit poème!»
Carmelo regarda d'abord le plafond – ou peut-être au delà de celui-ci – et il se couvrit ensuite les yeux et les oreilles des deux pattes.
Benoît commença:

HokusaiGreatWave.jpg
«I can't remember your eyes
are they as beautiful as I can
imagine?

I can't remember your voice
is it as melodious as I can
imagine?

I can't remember your smile
is it as wide as I can
imagine?

I can't remember your legs
are they as fast as I can
imagine?

I can't remember your face
is it as japanese as I can
imagine?

I can't remember you
but I know
I love you»

«Mamma mia!», miaula Carmelo, désespéré. Et il sauta sur le canapé pour recommencer à dormir après l'interruption poétique.
«Tu penses qu'elle va me répondre cette fois-ci?»
«Ma... non penso proprio, sai? Decisamente NO!»
«Oui, moi aussi je le pense. Elle va sûrement répondre à ce magnifique poème!»