Simultan

24 octobre, 9 h 20: Unterschied zwischen den Versionen

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Les bruits des machines, la lumière crue, la tôle. <br>On se croirait dans Les Temps modernes de Charlie Chaplin, en moins drôle. Ça a de quoi pousser au suicide. J’en connais qui y passent leur vie. Seul moment où je suis véritablement conscient de ma chance. Pour moi, ce n’est qu’un passage.<br>En été, c’était l’esclavage. Blanchir à vue d’oeil sous les néons. Dire que d’autres sentaient le soleil jusqu’à l’intérieur de leurs tripes. Quelque part.<br>Ça vous rend maigre, ça vous coupe l’appétit, ces champignons. Pendant huit heures d’affilée. Je ne peux ni les voir, ni les sentir une fois sorti. De là à en manger. J’en cauchemarde, parfois. Il faut croire que mon imaginaire n’a rien de mieux à rêver. Ça me désole.<br>Je croyais qu’en automne la tâche serait moins ingrate.<br>Grave erreur.<br>La brume, le froid de la bise, la couleur des feuilles, leur danse, leur éclat me rendent plus nostalgique de la nature que jamais.  
 
Les bruits des machines, la lumière crue, la tôle. <br>On se croirait dans Les Temps modernes de Charlie Chaplin, en moins drôle. Ça a de quoi pousser au suicide. J’en connais qui y passent leur vie. Seul moment où je suis véritablement conscient de ma chance. Pour moi, ce n’est qu’un passage.<br>En été, c’était l’esclavage. Blanchir à vue d’oeil sous les néons. Dire que d’autres sentaient le soleil jusqu’à l’intérieur de leurs tripes. Quelque part.<br>Ça vous rend maigre, ça vous coupe l’appétit, ces champignons. Pendant huit heures d’affilée. Je ne peux ni les voir, ni les sentir une fois sorti. De là à en manger. J’en cauchemarde, parfois. Il faut croire que mon imaginaire n’a rien de mieux à rêver. Ça me désole.<br>Je croyais qu’en automne la tâche serait moins ingrate.<br>Grave erreur.<br>La brume, le froid de la bise, la couleur des feuilles, leur danse, leur éclat me rendent plus nostalgique de la nature que jamais.  
  
Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, rien ne change. Moi. L’usine.
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tat

Version vom 29. Oktober 2010, 11:28 Uhr

 J’ai les mains froides.
Devant moi, la chaîne à rouleau de l’usine. Grinçante et morne. Chaque fois que je la retrouve, je dois rire jaune. Trier des champignons, les emballer, coller les étiquettes, prendre le carton et remplir. J’en suis au remplissage. Déjà plus d’une heure que je me réfugie dans un coin sombre de mon esprit pour ne plus trop savoir ce que je fais. Ennui. Pas tout en même temps, pas trop vite. La même tâche par tranche de deux heures. Il fait froid ; règle universelle des usines alimentaires.
On nous donne de ces tabliers, qui s’ils étaient dans une cuisine seraient de mauvais goût. Là, ils sont convenables. Appropriés, pas beaux. Tout de même. Jaunes. Ou bruns. Je ne pourrais pas dire.

Chaque matin devrait être le dernier.

Les bruits des machines, la lumière crue, la tôle.
On se croirait dans Les Temps modernes de Charlie Chaplin, en moins drôle. Ça a de quoi pousser au suicide. J’en connais qui y passent leur vie. Seul moment où je suis véritablement conscient de ma chance. Pour moi, ce n’est qu’un passage.
En été, c’était l’esclavage. Blanchir à vue d’oeil sous les néons. Dire que d’autres sentaient le soleil jusqu’à l’intérieur de leurs tripes. Quelque part.
Ça vous rend maigre, ça vous coupe l’appétit, ces champignons. Pendant huit heures d’affilée. Je ne peux ni les voir, ni les sentir une fois sorti. De là à en manger. J’en cauchemarde, parfois. Il faut croire que mon imaginaire n’a rien de mieux à rêver. Ça me désole.
Je croyais qu’en automne la tâche serait moins ingrate.
Grave erreur.
La brume, le froid de la bise, la couleur des feuilles, leur danse, leur éclat me rendent plus nostalgique de la nature que jamais.

Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, rien ne change. Moi. L’usine.

tat