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Instants Anodins: Unterschied zwischen den Versionen
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− | + | '''''Extrait du journal intime de Thomas, le 12 juillet 2010''''' | |
− | + | Il y a certaines scènes qui marquent, sans que l’on puisse l’expliquer. Quelques instants de vie, parfois volés, souvent anodins, qui vous traversent, vous transcendent presque, par leur exceptionnelle banalité. Ces instants sont de toutes sortes : ils vont de l’alcoolique assis sur sa valise, un téléphone à la main, au beau milieu d’une gare déserte, le regard dans le vide à la jeune passante qui ne vous remarque pas, alors que vous ne remarquez qu’elle ; [[L'existence est ailleurs|du vieil ivrogne, dans ce bar de Nidau]], [[Exquis|d'une femme aperçue par la fenêtre]], de cet étranger qui semble proche à ce proche que l’on ne reconnaît plus ; de cet autre qui semble être moi à cette femme assise sur un banc. Et pourtant, ils ont tous en commun cette sensation étrange au ventre, sorte d’impression de déjà-vu, avec quelque chose de plus… D’indiciblement plus fort. Au point de faire regretter de ne pas avoir un appareil photo sur soi, histoire d’immortaliser ce moment d’éternité, qui ne dure pourtant jamais. | |
− | C’est comme voir un fantôme. Ou être un fantôme en train de regarder. La vie n’a soudain plus aucune importance, placée au second plan, derrière les personnes, les individus, les choses… Qui restent seules, comme des enveloppes transparentes et vides, images de cet instant où le temps n’est plus. Car évidemment, le temps est une notion qui disparaît absolument – sa disparition est d’ailleurs une condition sine qua non à la bonne réalisation de cette situation grotesque, mais néanmoins magique, qui fait à la fois tout comprendre, et tout oublier. | + | Toujours, c’est absurde. Comme si toutes ces scènes sortaient d’un roman de Camus, ces situations n’ont évidemment de sens que lorsqu’on leur en donne un, parce qu’on leur en donne un. Et pourtant, quelle importance revêtent ces quelques [[La métamorphose d'immatriculation|rencontres éclatantes de banalité]] ! A tel point que l’on s’en souvient, des années plus tard. Le plus étrange, c’est que presque toujours, il faut être deux, mais qu’on est toujours seul. L’instant marquant ne l’est que très rarement pour les deux protagonistes en même temps – c’est d’ailleurs ce décalage qui rend la chose si forte. |
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+ | C’est comme voir un fantôme. Ou être un fantôme en train de regarder. La vie n’a soudain plus aucune importance, placée au second plan, derrière les personnes, les individus, les choses… Qui restent seules, comme des enveloppes transparentes et vides, images de cet instant où le temps n’est plus. Car évidemment, le temps est une notion qui disparaît absolument – sa disparition est d’ailleurs une condition sine qua non à la bonne réalisation de cette situation grotesque, mais néanmoins magique, qui fait à la fois tout comprendre, et tout oublier. | ||
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+ | [[Category:Thomas]] |
Aktuelle Version vom 19. Januar 2011, 14:11 Uhr
Extrait du journal intime de Thomas, le 12 juillet 2010
Il y a certaines scènes qui marquent, sans que l’on puisse l’expliquer. Quelques instants de vie, parfois volés, souvent anodins, qui vous traversent, vous transcendent presque, par leur exceptionnelle banalité. Ces instants sont de toutes sortes : ils vont de l’alcoolique assis sur sa valise, un téléphone à la main, au beau milieu d’une gare déserte, le regard dans le vide à la jeune passante qui ne vous remarque pas, alors que vous ne remarquez qu’elle ; du vieil ivrogne, dans ce bar de Nidau, d'une femme aperçue par la fenêtre, de cet étranger qui semble proche à ce proche que l’on ne reconnaît plus ; de cet autre qui semble être moi à cette femme assise sur un banc. Et pourtant, ils ont tous en commun cette sensation étrange au ventre, sorte d’impression de déjà-vu, avec quelque chose de plus… D’indiciblement plus fort. Au point de faire regretter de ne pas avoir un appareil photo sur soi, histoire d’immortaliser ce moment d’éternité, qui ne dure pourtant jamais.
Toujours, c’est absurde. Comme si toutes ces scènes sortaient d’un roman de Camus, ces situations n’ont évidemment de sens que lorsqu’on leur en donne un, parce qu’on leur en donne un. Et pourtant, quelle importance revêtent ces quelques rencontres éclatantes de banalité ! A tel point que l’on s’en souvient, des années plus tard. Le plus étrange, c’est que presque toujours, il faut être deux, mais qu’on est toujours seul. L’instant marquant ne l’est que très rarement pour les deux protagonistes en même temps – c’est d’ailleurs ce décalage qui rend la chose si forte.
C’est comme voir un fantôme. Ou être un fantôme en train de regarder. La vie n’a soudain plus aucune importance, placée au second plan, derrière les personnes, les individus, les choses… Qui restent seules, comme des enveloppes transparentes et vides, images de cet instant où le temps n’est plus. Car évidemment, le temps est une notion qui disparaît absolument – sa disparition est d’ailleurs une condition sine qua non à la bonne réalisation de cette situation grotesque, mais néanmoins magique, qui fait à la fois tout comprendre, et tout oublier.